Visionnez le webinaire transform! avec notre invitée Hilary Wainwright — ou écoutez-le en format podcast.
Pour Hilary Wainwright, le piètre bilan du Royaume-Uni en matière de lutte contre le COVID-19 s'explique particulièrement par deux facteurs : l’arrogance tout d'abord d'un Boris Johnson ayant trop tardé à admettre la gravité de la maladie et à organiser le confinement, ensuite l'impréparation du système de santé britannique. Or, la Grande-Bretagne de Johnson partage ces deux caractéristiques avec les États-Unis de Trump. On comprend mieux dès lors pourquoi la pandémie de Covid-19 a frappé si durement ces deux pays.
Dans ce cinquième épisode de notre podcast, Wainwright critique le discours dominant qui stipule qu'on serait toutes et tous pour ainsi dire à égalité face à la pandémie. Le confinement a en réalité fait apparaître des inégalités criantes par exemple entre Britanniques. Le virus a beaucoup plus exposé les travailleur·euse·s et la classe ouvrière, en particulier dans les grandes villes comme Londres — logement dans de petits appartements situés dans des zones densément peuplées, approvisionnement dans des supermarchés bondés sans mesures de protection adéquates, et enfin souvent, notamment pour les plus précaires, obligation de continuer d'aller au travail en empruntant des rames de métro bondées. La situation était radicalement autre du côté des personnes plus aisées vivant dans les quartiers des classes moyennes.
Wainwright détaille ensuite comment le problème accablant de la pandémie a relégué à l'arrière-plan le débat autour du Brexit, non seulement dans la population, mais aussi à l'intérieur du Labour. La gauche des travaillistes (autour de Corbyn, McDonell, du courant Momentum et du festival The World Transformed) a continué néanmoins de se montrer active malgré sa défaite lors des dernières élections à la direction du parti, intervenant dans l'espace public avec des éléments de programme pour l'ère post-coronavirus.
Parallèlement, Wainwright raconte comment, sous l'effet de la crise, les gens se sont ouverts aux idées militantes et radicales. Parmi elles : l'interventionnisme d'État en économie afin de répondre, non aux objectifs des marchés, mais aux besoins des populations ; la nécessité de financer davantage le système de santé et le rail ; la réduction des voyages aériens et la recherche de modes de transport plus écologiques. Wainwright espère que les mouvements sociaux, les syndicats et la gauche auront plus de succès dans la gestion de la récession majeure qui s'annonce que lors de la crise de 2008, où les réponses apportées se sont faites aux dépens des travailleur·euse·s et au profit des banques.
Hilary Wainwright, sociologue britannique, militante politique et féministe socialiste. Elle est rédactrice en chef du magazine Red Pepper. Ses nombreux livres incluent Public Service Reform : But Not As We Know It! (« Réforme du service public : mais autrement ! », éd. Picnic, 2009, non traduit en français) ; Reclaim the State: Experiments in Popular Democracy (« Se réapproprier l'État : expériences de démocratie populaire », University of Chicago Press, 2009, non traduit en français) ; Arguments for a New Left: Answering the Free Market Right (« Argumentaire pour une Nouvelle gauche : comment répondre au droit de libre marché », ed. Wiley-Blackwell, 1989, non traduit). Wainwright est aussi chercheuse associée du Transnational Institute (Amsterdam).
interviewée par
Haris Golemis, économiste grec, ancien membre du secrétariat politique et du comité central de Syriza, ancien directeur de l'institut Nicos-Poulantzas, aujourd'hui conseiller scientifique et stratégique auprès du conseil d'administration de transform! europe et rédacteur en chef de la revue annuelle de transform!
débat animé par
Angelina Giannopoulou, facilitatrice à transform! europe
transform! europe, le réseau européen des fondations politiques et think tanks de la gauche radicale, présente une série d'entretiens avec des penseuses et penseurs de gauche pour débattre de questions essentielles et poser les jalons qui serviront à construire l'avenir que nous voulons.