Nous avons souhaité, dans ce numéro, rendre hommage à Eric Hobsbawm dont le travail a constitué un apport considérable et fort stimulant à la pensée de gauche. Le texte que nous publions ici fut écrit en 1998 pour la rencontre internationale organisée par Espaces Marx à Paris à l’occasion du 150e anniversaire du Manifeste, qu’Eric Hobsbawm avait inaugurée. La finesse de l’analyse de ce grand historien y transparaît pleinement lorsqu’il nous propose un regard critique sur le Manifeste communiste tout en montrant la saisissante actualité de la pensée de Marx, notamment en ce qui concerne la représentation synthétique de la société de notre époque marquée par une profonde crise de civilisation.
Le texte qui suit a pour base l’allocution d’ouverture prononcée par Eric Hobsbawm, à la Conférence internationale organisée par Espaces Marx, en 1998, à la Bibliothèque nationale à Paris, à l’occasion du 150ème anniversaire du Manifeste communiste. Il a été mis à la disposition d’Espaces Marx et publié dans Le Manifeste communiste aujourd'hui (1998, éditions de l'Atelier, 400 p.) Une version plus étoffée a été publiée en anglais.
Au cours des décennies ayant suivi la Deuxième Guerre mondiale, la social-démocratie (dans son sens général) 2 a construit et consolidé trois grandes choses :
1. Un système d’assurance sociale multiforme soutenue par l’État pour parer aux risques de la vie, notamment en termes de santé, d’emploi et de revenus.
Focus sur l'Union européenne et le modèle allemand
Au début de cet automne, les gouvernements des pays membres de l’Union économique et monétaire (UEM) s’efforcent de faire ratifier au plus vite le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’UEM (dit « Pacte budgétaire »). En particulier, le gouvernement français est décidé à le faire adopter au début octobre par le Parlement. L’enjeu est de taille puisque ce pacte instaurera la « règle d’or » budgétaire, c’est-à-dire l’interdiction de dépasser 0,5 % de déficit public par rapport au PIB. Cette règle est une sorte de « règle de trois verrous ».
Dimitris Sotiropoulos note à juste titre que l’euro n’est pas seulement une monnaie, mais aussi un mécanisme : « Il a mis en place une forme particulière de symbiose entre les différentes économies capitalistes » (Sotiropoulos 2012, 66). Mais quelle est la nature matérielle de cette « symbiose entre les différentes économies capitalistes » ? Cette question clé a déjà été soulevée par John Grahl en 2003. Il a souligné que la mondialisation et le processus d’intégration européenne qui lui est associé ne sont pas seulement une stratégie politique, « mais aussi, et même plus, le résultat d’un changement profond des structures productives, d’une nouvelle phase de socialisation de la production » (Grahl 2003, 19).
Dès le départ, l’Europe a été un projet politique, orienté vers la résolution des conflits et la création de coopérations. Au cours des dernières décennies, les nations européennes – sous l’impulsion de leurs élites politiques et économiques – ont surmonté leurs inimitiés. Il est incontestable que la poursuite de cet objectif, et l’investissement massif de nombreuses forces de la société civile et des milieux politiques et économiques qu’il a suscité, mérite reconnaissance et distinction de la part des partisans d’une politique de paix.
Ces derniers mois, des changements spectaculaires ont eu lieu au sein de l’UE. Cet article s’intéresse au rôle de l’Allemagne dans la structure de la gouvernance de l’UE qui s’échelonne selon plusieurs niveaux. Notre argument est que la montée de l’Allemagne en tant que nouvel hégémon, non seulement économique mais également politique, aura un impact spectaculaire sur la structure interne de l’UE ainsi que sur son comportement extérieur. Étant donné qu’il s’agit simplement d’une analyse matérialiste, il faudrait inclure dans cette analyse d’autres nations orientées vers l’exportation, telles que les Pays-Bas, l’Autriche et la Finlande. Mais pour des raisons de clarté et parce que l’Allemagne est importante non seulement sur le plan économique mais aussi politique – si on la compare avec les nations plus petites mentionnées précédemment – il est pertinent de se concentrer sur le rôle de l’Allemagne.
Si on a actuellement l’impression que l’Allemagne pourrait servir d’exemple à tous, c’est essentiellement lié à ce qu’on nomme le « miracle allemand de l’emploi » des années 2008-2009.
Un puzzle est une image composée de pièces qui s’imbriquent les unes dans les autres. Si nous pensons à l’UE comme à un gigantesque puzzle, il est clair que ses pièces ne s’assemblent pas les unes avec les autres. C’est parce que les vingt-sept états membres qui la composent restent très hétérogènes, et que les politiques adoptées laissent beaucoup à désirer en termes de convergence économique et sociale au sein de ces pays et entre eux. Les insuffisances politiques et les divergences entre les États membres sont apparues comme contrecoup de la crise et de son traitement par les élites européennes, menaçant la viabilité du projet européen lui-même.
En Europe, nous sommes dans une nouvelle étape de confrontation de classes. Malgré la crise systémique, non seulement de la finance mais de l’ensemble du mode d’accumulation et de reproduction du « financial market capitalism », ce système de domination a pu se maintenir. Son pouvoir transnational – largement soutenu par la nature de l’intégration et les politiques européennes – n’a pas été sérieusement fracturé, malgré la destruction massive de biens publics et privés qui ne cesse de s’accentuer et d’approfondir la grande crise.
Nous sommes invités par l’intitulé même de ce séminaire * à réfléchir en termes d’« hégémonie », plus précisément à inférer des résultats des élections européennes (Grèce, Danemark, Espagne, etc.) un certain état de l’hégémonie néolibérale, comme si ces résultats traduisaient directement par eux-mêmes un certain état de la domination des idées néolibérales sur les populations des pays concernés, plutôt que de constituer, ainsi que j’aurais tendance à le penser, une réfraction déformée et momentanée des rapports de force.
Paris, automne 2007. C’est l’irruption de la crise économique et financière mondiale. Les membres du groupe de la Gauche (GUE/NGL) au Parlement européen, qui se trouvent à Paris en séminaire d’étude à l’occasion de la présidence française de l’UE, captivés par le sujet, suivent avec une attention soutenue l’exposition des divers scénarios qu’un conseiller de Sarkozy développe devant eux. Que pourrait-il se passer demain si les gouvernants de l’UE et de ses États membres prennent, ou ne prennent pas, certaines décisions politiques pour lutter contre la crise économique et financière mondiale et européenne ?
Les élections du 6 mai et du 17 juin 2012 ont ouvert en Grèce la période d’un changement profond de la scène politique. Le système bipartite a été pulvérisé, et à sa place un multipartisme complexe et fluide s’installe avec des tensions bipolaires puissantes entre la gauche et la droite. Les deux élections ont dissout tous les composants clés de l’ancien changement de régime en 1974 et surtout le PASOK, le parti qui était au centre de la vie politique en Grèce au cours des 35 dernières années.
La société capitaliste subit l’une des crises les plus dures qu’elle ait jamais connue. En effet, la crise économique et financière touche en premier lieu les points névralgiques du capitalisme.
Depuis la campagne des élections législatives et présidentielle, il est clair que l’accession au pouvoir du président Vladimir Poutine prolongerait les conditions dans lesquelles intervient la gauche.
Les concepteurs des accords de Bretton Woods, dès le début des années 1940, ont ambitionné de bâtir un nouveau système monétaire international pour l’après-guerre.
Précisons d’emblée que le concept de jeunesse est incertain, voire improbable, si l’on entend par là un creuset générationnel homogène, sans de multiples lignes de fractures qui se combinent et se superposent.
C’est un des traits caractéristiques des grands mouvements qui font l’histoire d’un peuple qu’ils défient les prédictions les plus solidement étayées. Passé un certain seuil, l’effervescence qu’engendre la solidarité à laquelle ils doivent leur existence échappe à la prétention de la pensée de la plier aux anticipations dont elle est capable, sur la base de ce que lui enseigne le passé.
This book is a manifesto in the best sense of the word. Asbjørn Wahl is already well-known for his studies of socio-political and trade-union issues. Now he is presenting a study dealing with...
Er hatte das „kurze“ 20. Jahrhundert“ um mehr als zwei Jahrzehnte überlebt. Eric J. Hobsbawm war einer der großen Denker, die jenes vergangene Säkulum hervorbrachte. Von der Berufung her Historiker,...