Asbjørn Wahl est conseiller du syndicat norvégien des employés municipaux et généraux.
Le FSE a rencontré de nombreux problèmes au fil des ans et nous devrions admettre honnêtement qu’il est en perte de vitesse depuis le premier forum à Florence en 2002 qui a été le plus réussi. De ce point de vue, nous pouvons dire que le FSE est en crise. Il faut donc analyser et débattre de sa situation actuelle et de son avenir possible.
Pour comprendre la crise du FSE, il faut la situer dans un contexte plus large. Le FSE ne fonctionne pas en vase clos. Les difficultés rencontrées au sein du FSE reflètent à bien des égards la situation sociale et politique actuelle en Europe – et dans le monde. Les quatre points suivants au moins revêtent de l’importance :
Le manque de réponse et d’alternative vaut également pour le FSE. Même si les forums sociaux eux-mêmes et de nombreux mouvements, organisations et réseaux qui travaillent au sein du processus des forums sociaux se sont développés en partie en réponse à la crise de la gauche traditionnelle, ils n’ont pas pu compenser ces faiblesses. Le recul général des luttes sociales et politiques pèse fortement sur le FSE.
Un des effets internes de cette situation est que le vide créé par l’insuffisance des mouvements et des luttes réels a, dans une certaine mesure, été comblé par un certain nombre de petites ONG et de militants à temps plein qui jouent un rôle disproportionné dans le travail d’élaboration du FSE. Certains d’entre eux manquent de racines et d’une compréhension suffisante des rapports de classe, de la lutte sociale et du pouvoir social. Il y a donc eu une tendance croissante à recourir à des signatures de déclarations, du lobbying et à l’organisation et à la proclamation de journées d’action européennes s’appuyant très peu sur les rapports de force existants et la réalité des luttes en cours.
Il semble aussi que se soient mises en place des structures informelles de pouvoir à l’intérieur du processus du FSE ; certains participants, notamment d’Europe centrale et d’Europe de l’Est, les vivent comme une exclusion. Cela a particulièrement été le cas dans l’élaboration du programme.
Les éléments ci-dessus soulèvent également la question de savoir si oui ou non le FSE sera perçu comme un outil important si (et quand) les mouvements réels, le niveau de mobilisation et les luttes se développent en Europe. C’est loin d’être évident aujourd’hui. Ainsi, dans une situation où un nombre croissant de peuples d’Europe affronte des crises multiples, le programme du FSE est fragmenté en différents domaines de lutte (« axes » dans le jargon interne). Il est probablement temps de se demander si c’est la meilleure façon de relever les défis actuels.
Dans la mesure où le FSE est confronté à une crise, il reflète la réalité objective du monde dans lequel il se trouve. Cette crise ne peut donc pas se résoudre par le volontarisme ou le moralisme. Nous devons en comprendre les causes, identifier les possibilités et les opportunités – puis faire des propositions politiques et organisationnelles pour évoluer.
Aucun d’entre nous n’a, aujourd’hui, les solutions. C’est la raison pour laquelle nous devons associer nos capacités intellectuelles collectives lors du prochain FSE afin de mieux comprendre la situation et, espérons-le, améliorer le fonctionnement du FSE. Pour y parvenir, nous devons analyser les facteurs externes et internes et, simultanément, savoir interroger tous les aspects de notre fonctionnement actuel.
Voici quelques questions qui pourraient nous guider dans le débat sur l’avenir du FSE :
Sur la base de ce qui précède, le débat sur l’avenir du FSE pourrait se dérouler à travers trois séminaires au forum d’Istanbul :
I. Le FSE en crise ? — Le contexte
II. Le FSE en crise ? — Les facteurs internes
III. L’avenir du FSE