La gauche a connu le plus grand marasme de son histoire depuis 1918. Elle aura besoin de se revitaliser et de trouver un moyen d’éviter un glissement vers la rhétorique d’extrême-droite.
Jiří Málek
Chaque type d’élections en République Tchèque soulève une attention spéciale. Il y a plusieurs raisons pour cela. L’une est la taille de la population tchèque en comparaison aux pays similaires d’Europe du Centre (en République Tchèque, il y a aujourd’hui 10,56 millions d’habitants quand il n’y en a que 9,8 en Hongrie et 5,4 en Slovaquie). Il y a 542 000 étrangers en République Tchèque, principalement originaires d’Ukraine ou de Slovaquie, approximativement 107 000 chacun, viennent ensuite 57 000 Vietnamiens. On peut dire que la société tchèque est relativement nationalement homogène sans être « fermée nationalement ». Cependant, en lien avec la soi-disant crise de la migration, l’attitude de la vaste majorité de Tchèques est au minimum réservée. De plus, en contraste avec les autres pays de la région, la société tchèque de l’ancien bloc soviétique et le système politique n’ont pas fait l’expérience de turbulences majeures. Pour près de 30 ans, elle a été dominée par le concept d’une société néolibéral globale appuyée sur une structure de parti , avec un bloc de droite robuste opposé à un bloc de gauche stable.
Ce dernier bloc, provenant originalement de l’ancien Parti Communiste, n’a jamais été au gouvernement jusqu’ici (au contraire de nombreux pays postsocialistes dans les années 1990). Cependant, il s’est transformé, de façon insuffisante pour certaines critiques, en Parti Communiste de Bohéme-Moravie (KSČM) et d’autres petites entités politiques comme le Parti du Socialisme Démocratique. A l’écart de cette gauche, une social-démocratie tchèque s’est restaurée et représente le centre gauche sur le spectre politique de la société. Elle est devenue une force importante au parlement à partir de la deuxième moitié des années 1990 et a notamment participé à différents gouvernements. Cependant, elle a toujours refusé toute coopération avec le KSČM au niveau national. Les listes des candidats du KSČM ont proposé majoritairement des représentants de la gauche radicale dans toutes les élections des vingt-cinq dernières années. Aucune autre force de gauche radicale (non-communiste) a participé aux élections parlementaires et régionales. Au niveau municipal et cantonal, les élus du KSČM ont participé à des coalitions pour gouverner. Même si la composition des rassemblements de gauche dans la société tchèque est relativement hétérogène, le Parti Communiste, avec sa permanence au parlement depuis 1989, est dominant. Ses candidats sont aussi de ceux qui ont connu le succès dans toutes les élections européennes (depuis 2004 la République Tchèque est membre de l’UE). Les dernières élections parlementaires ont donné de mauvais résultats pour les deux partis de gauche : KSČM (7.76%), et le Parti Social-Démocrate (7.27%). La gauche radicale tchèque doit analyser la situation et d’avancer de nouvelles propositions pour ses futures activités. Cela ne sera pas un processus simple et sans confrontations.
Ces dernières années, transform ! europe a analysé les différences régionales de chacune des régions européennes, y compris les activités menées par la gauche. Transform ! a aussi analysé les voies empruntées par ces pays et ces mouvements de gauche pour contribuer à la gauche pan-Européenne et ses courants. Le but est de diffuser ces analyses à toutes les forces de gauche en vue des élections européennes de 2019 et du rôle que peut jouer la gauche radicale dans les structures européennes, et particulièrement au Parlement Européen.
Pour contribuer à cette large discussion, transform! europe publie cet essai qui se concentre sur les dernières élections parlementaires tchèques, où la gauche radicale a connu une sérieuse défaite comme dans de nombreux pays européens. La Fondation Rosa Luxembourg va ouvrir une branche à Prague cette année. Elle a organisé un colloque international sur les résultats des élections dans différents pays d’Europe, principalement d’Europe Centrale, en décembre 2017. En accord avec cette fondation, nous avons décidé de publier les discours tenus sur la situation tchèque dans cet essai politique qui pourrait être utile à des lecteurs partout en Europe pour comprendre au moins certains aspects des développements politiques tchèques.
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