Quelle place pour la gauche en Italie ?

D’une part, après vingt ans de Berlusconi, pour la première fois le bloc réactionnaire (dont les membres se définissent comme modérés) semble être durablement fragmenté et divisé en au moins deux composantes. L’un étant l’axe habituel Berlusconi-Ligue du Nord, le second s’agglomérant autour du « docteur » Monti, dans une droite européenne plus présentable liée au PPE et tout à fait différente d’une conception populiste et populaire.

Nous avons d’autre part, un centre-gauche essayant de gagner en crédibilité et en même temps de rassurer les marchés et l’Union européenne, affirmant pouvoir transformer l’austérité en développement et croissance. En dehors de ça, le Mouvement 5-Étoiles propose un vote de protestation et d’alternative contre les partis en place qui ont dominé le cadre institutionnel jusqu’à ce jour. Parallèlement, il semble de plus en plus difficile d’atteindre un bon résultat pour la liste de gauche, Rivoluzione Civile.

L’utilisation d’approches personnelles et l’interventionnisme des partis dans la gestion de la sphère publique ont créé le mécontentement, le rejet des partis et une tentative de réappropriation de la politique.

La loi électorale actuelle prévoit une « prime de majorité » au parti obtenant le plus grand nombre de suffrages. Mais il y a des différences entre la Chambre des représentants, où la majorité repose sur une échelle nationale et le Sénat, où la majorité est basée sur une échelle régionale. Cela met en jeu la capacité du centre-gauche à atteindre une majorité capable de gouverner le pays, obligeant le centre-gauche (y compris Sinistra Ecologia e Libertà ) à un accord éventuel avec le « docteur » Monti ou à recourir à des élections anticipées.

La situation de la gauche est assez difficile. Après la scission par de Rifondazione par Vendola et la création de Sinistra Ecologia e Libertà, qui soutient aujourd’hui le Parti démocrate, la tentative de délimiter un espace pour la gauche en dehors du centre-gauche rencontre des difficultés extrêmes, en particulier auprès des médias. Cette tentative provient d’un appel de dernière minute pour rassembler les forces de nombreux fragments de la gauche, afin de représenter une alternative au vote protestataire aujourd’hui recueilli par le Mouvement 5 étoiles. L’accélération du processus électoral et les « estimations » concernant la méfiance à l’égard des personnalités types de la gauche ont en partie remis en cause le dynamisme d’en bas pour une nouvelle politique de gauche. Le processus mis en place par la liste Rivoluzione Civile qui recherche le rassemblement de plusieurs partis et la mise en mouvement des citoyens, de ce qu’on appelle la société civile, est porteur d’un potentiel de développement pour construire une alternative de gauche en Italie.