Comprendre la défaite c’est préparer une victoire

1. Du chantage au coup d’Etat

L’alternative Grexit ou troisième memorandum n’est pas la même chose que réforme ou révolution ; c’est seulement une question d’absence d’alternatives dictées par les créanciers. Cela correspond au rapport de forces au sein de l’Europe, qui ne peut à l’heure actuelle qu’engendrer des défaites.

Le chantage fait à la Grèce par les créanciers laisse ouvertes deux voies, qui seraient toutes deux des défaites. C’est inévitable. Tout d’abord, le Grexit : Cela signifie : « Nous vous retirons la possibilité de livrer le conflit de classe européen dans l’espace politique européen. Si vous voulez continuer à vous battre, alors battez-vous pour votre survie chez vous et que le monde voie le caractère désespéré de votre lutte. Si vous voulez continuer à vous battre au nom de votre population, alors que votre population en subisse les conséquences ». Un Grexit transforme un problème de politique intérieur européen en un problème d’aide au développement et d’aide humanitaire. Il isole le conflit politique en Europe, le limitant au territoire grec. Deuxièmement, un nouveau mémorandum : cela signifie rester avec les structures de l’UE telles qu’elles sont, mais seulement au prix d’une soumission complète et maintenant l’exigence d’une supervision politique. Le programme de l’Eurogroupe et du FMI revient non seulement à une administration de la dette et de l’insolvabilité, mais aussi à une tentative de construction d’une nation de l’extérieur – la mise sous tutelle comme gouvernement de l’ombre. Son objectif est une nouvelle politique grecque au sens économique et technocratique : déréglementation, privatisation, capitalisme avec les « valeurs asiatiques » (Zizek).

2. La stratégie de soumission politique

Apparemment, le gouvernement SYRIZA a décidé, pour des raisons stratégiques, de mettre fin à la politique de négociations avec une défaite symbolique afin de « pacifier » la situation budgétaire et économique. Cela ne change rien en termes de dévastation sociale.

Les événements de ces derniers jours ont catapulté SYRIZA dans un nouvel espace de prise de décision dans une situation tout à fait contradictoire : L’acte libérateur emphatique du « Non » (OXI) populaire a eu lieu parallèlement à l’intensification de la vulnérabilité au chantage budgétaire à l’égard de l’État (fermetures de banques, état en faillite). L’effondrement complet était une affaire de jours. L’argent s’envolait. Ces derniers jours, les limites extérieures de ce soulèvement national institutionnel contre les « institutions » européennes ont été atteintes. Les négociations étaient terminées, et la guerre économique contre le gouvernement grec a atteint son point culminant. Tsipras espérait qu’un nouveau paquet d’aide apaiserait la situation dramatique. Et ils ne sont pas rares ceux qui pensent maintenant qu’il est temps de préparer vraiment un Grexit.

Il est douteux que cette stratégie fonctionne. SYRIZA espérait qu’un mémorandum lui donnerait un répit et la possibilité de préparer une nouvelle offensive politique. Les créanciers se sont donc fixé l’objectif de passer du chantage financier au contrôle politique direct – dans le cas où ils ne réussiraient pas, en dépit de tout, à faire tomber le gouvernement SYRIZA. Non seulement ils formulent le cadre contractuel de la politique grecque, mais veulent lier les prochains versements à l’obéissance politique du gouvernement et le superviser en permanence. Ils vont essayer d’empêcher la Grèce d’avoir encore un atome de marge de manœuvre pour une nouvelle offensive. Bruxelles n’est plus intéressé seulement par la soumission économique avec un troisième mémorandum ; les créanciers forcent Tsipras à prouver sa « crédibilité » en acceptant de faire tout ce qu’ils lui demandent : tenir tête à la population, aux « dissidents », au parti. Il s’agit d’un chantage dont les conditions sont maintenant la destruction publique de l’image de l’unité politique. Cela ne laisse aucune place à une retraite stratégique, aucune possibilité à une future offensive. Cette soumission sans précédent peut et doit être critiquée. Cependant, ceux qui voient cela comme une rupture avec un projet politique et la mort du réformisme devraient faire preuve d’une certaine réserve. Parce que ce qui est maintenant dans l’air – le « Non » de l’Eurogroupe par rapport au niveau de soumission actuel de la Grèce – non seulement décidera de l’avenir de SYRIZA, mais aussi de la configuration future de l’Europe. Qu’il y ait Grexit ou mémorandum, lundi nous saurons tous qu’il n’y a probablement pas de possibilité de la moindre amélioration de la situation de la Grèce avec les créanciers. Et depuis le référendum une rupture est devenue une option pour la société. À partir de lundi, il y aura en Grèce un nouveau processus politique qui mettra la gauche et le parti à l’épreuve.

3. Gouvernement et processus collectif

Le gouvernement prend son indépendance par rapport au parti et au mouvement. Le processus de négociation entrave le processus démocratique et concentre le pouvoir entre les mains de quelques-uns, auxquels les gens doivent faire confiance. C’est précisément l’aspect populaire du référendum qui a paradoxalement renforcé cette concentration : les masses de jeunes et de pauvres gens, qui ne sont pas des militants et ne sont pas organisés, se sont eux-mêmes directement liés au gouvernement et à à la personne d’Alexis Tsipras.

Grâce à sa campagne dans les périphéries urbaines et les quartiers pauvres, SYRIZA a touché tous ceux qui aspiraient à « vivre dans la dignité » ; mais la population ne voulait pas que cela se produise sous la forme d’une assemblée générale permanente du peuple. Celui qui doit prendre les décisions pour eux c’est celui qu’ils ont habilité consciemment à cette fin par leur « non » : Alexis Tsipras. Ils ont non seulement dit « non », mais aussi placé leur confiance dans Tsipras, afin qu’il mette fin à leur souffrance. Cela a renforcé ses possibilités d’agir unilatéralement.

Parallèlement, cela a mis en évidence un vide dans le mouvement de la rue. La démocratie des places a consciemment rejeté la politique centralisatrice et, ce faisant, la figure d’un leadership charismatique. Comment les mouvements s’adressent-ils à ceux qui ne sont pas un mouvement et ne veulent pas en être un ? Comment traitons-nous la différence possible entre le plébiscite des assemblées et la volonté commune supposée de tous ? L’entité sociale du non-représenté et de l’ « invisible » ne cherche pas nécessairement le bonheur à travers les mouvements de base et l’auto-organisation engagée. Comment les mouvements agissent-ils si, dans des conditions de post-représentation contemporaine, des majorités réelles ne sont pas seulement possibles, mais aussi décisives ? L’expérience SYRIZA a récemment mis sur la table la question ouverte du collectif social et populaire. Et c’est une bonne chose !

4. D’abord se nourrir, ensuite le grand défi

Le plus gros problème avec la soumission au statu quo européen n’est pas la trahison d’un concept décrépit de révolution soutenue par le KKE ou d’autres « révolutionnaires » radicaux. Le plus gros problème est que la Grèce et ses citoyens les plus pauvres se trouvent dans une situation d’urgence immédiate. La catastrophe sociale ne peut pas se résoudre avec un plan quinquennal.

En ce sens, dans les prochains mois, ce qui va nous montrer si SYRIZA a vraiment capitulé c’est la politique du gouvernement, pas un morceau de papier. Dans ce processus, les mesures nécessaires peuvent également être prises dans une zone grise juridique, ou bien elles peuvent produire le prochain terrain public de lutte. Ce qui est important c’est que ce terrain est déterminé et ouvert. « Absurde », « capitulation », « marchands d’espoir » – tous ceux qui fondent maintenant leur propre radicalisme sur « l’échec » de SYRIZA devraient réfléchir à ce qu’ils auraient fait si cela avait dépendu d’eux. Presque tous les membres de « gauche radicale » au sein de SYRIZA approuvent ce mémorandum, précisément parce qu’ils sont contre lui. Pour le moment, il semble que ce soit la seule option qui préserve la possibilité des autres options. Ce fut une erreur stratégique de ne pas avoir envisagé d’autres options plus tôt. Mais pour être en mesure de faire le saut dans l’inconnu – un Grexit contrôlé et le choix de la nationalisation de la production et des banques – il faut non seulement du temps et des majorités réelles, mais aussi un « espace de respiration ». SYRIZA n’était pas prêt pour cette étape. Personne ne l’était.

5. La solution du Grexit ?

La discussion sur le Grexit dans la gauche allemande est romantique. En grande partie, elle adhère à une vieille conception politique du parti communiste : un processus de rupture qui n’intervient pas socialement, en tant que transformation sociale et mouvement politique ; mais qui doit être promulgué par décret et selon une discussion technique des modèles sociaux par le gouvernement. Qui plus est, la proposition est irresponsable parce que – et c’est le plus important – elle ne correspond pas au processus politique réel.

Avec le « non », le peuple a voté non pas pour la sortie de l’euro, mais pour rejeter la politique « libérale » de peur ; dans leur préparation pour la bataille, ils ont franchi une bonne distance dans la direction d’une véritable rupture, mais ils n’ont pas exprimé l’élan d’une volonté révolutionnaire – peu importe si nous aimerions qu’il en soit autrement. Un Grexit en ce moment serait irresponsable, car il n’a pas été préparé – ni par SYRIZA en tant que gouvernement ou parti, ni par les conseils municipaux et locaux sociaux, pour ne pas mentionner les assemblées et les mouvements. Et ainsi les questions de stratégie ultérieure et les prochaines étapes sont sur la table. Mais pour l’instant, nous devons comprendre que la rupture avec le régime fiscal de l’Europe ne ferait qu’aggraver la catastrophe sociale, et le moment plébiscitaire du vote « OXI » se transformerait en une démocratie guidée puis en autoritarisme d’un gouvernement de gauche, qui gèrerait la catastrophe sociale de manière de plus en plus autoritaire et devrait réorganiser l’Etat et l’économie contre la majorité sociale. Ceux qui plaident pour un Grexit révolutionnaire le font à une distance confortable et, en dernière analyse, ignorent ceux qui ont combattu, ont eu faim, ont souffert, et ont espéré au cours des six dernières années. Toutes ces personnes méritent d’avoir le temps de respirer. C’est à elles, et non au Comité central de SYRIZA ou à un romantisme révolutionnaire lointain, de décider du bon moment.

6. Un échec nécessaire ?

Quelles que soient les idéologies et les fausses conceptions de la possibilité de réformes à l’œuvre dans SYRIZA, sa ligne au cours des derniers mois correspond à la tendance de la volonté majoritaire. L’espoir d’une solution dans le cadre des traités européens a été le point de départ de la stratégie politique de SYRIZA. En agissant sur cette base, il a réussi à radicaliser la société.

Le gouvernement a rassemblé le peuple derrière lui et derrière ce désir et, avec l’opinion publique de toute l’Europe, il a appris par expérience que ce souhait est irréaliste dans la mesure où l’ordre néolibéral est inflexible. S’ils avaient choisi de faire de cette conception d’une minorité révolutionnaire le point de départ de leur politique, ils auraient échoué lamentablement. Les derniers mois ont permis au monde entier de découvrir la véritable existence concrète de cet antagonisme, de le voir, le sentir. SYRIZA n’a pas alimenté les désirs réformistes, mais les a détruits en une série de leçons de choses pratiques – qu’on le veuille ou non. Ce faisant, la possibilité réelle d’une rupture, dont les gens dans l’ensemble de la société parlent maintenant sérieusement pour la première fois, est devenue une option. Personne ne pouvait prédire l’expérience maintenant acquise sans s’isoler de la population et du parti. SYRIZA n’a pas pris ses propres vérités comme point de départ ; il a tenu compte du niveau de conscience de la population et l’a radicalisé. En ce sens, il a lancé un processus révolutionnaire – chose que ceux qui croient tout savoir et jouent les Cassandre ne sont pas capables de faire. La question est maintenant de savoir si le gouvernement sera en phase avec ce processus.

7. Mouvement et gouvernement

Après près de six mois, SYRIZA se heurte aux limites d’un gouvernement de protestation. Aujourd’hui, le parti doit prendre effectivement une « responsabilité gouvernementale ». Il ne peut pas se replier sur des positions programmatiques, mais doit faire face à un dilemme réel pour lequel il n’y a pas de solution pragmatique. Cela implique aussi nécessairement l’indépendance politique des mouvements par rapport au gouvernement.

Mais c’est une bonne chose et c’est loin d’en être une mauvaise. Les mouvements, au meilleur sens du concept, agissent aussi pour eux-mêmes ; ils doivent le faire dans leurs luttes immédiates et leurs exigences radicales, que les majorités sociales n’incorporent pas toujours – par exemple, la solidarité avec les réfugiés en Grèce, la lutte contre les prisons spéciales, la violence de la police, le danger fasciste, et contre l’extractivisme ruineux (extraction de l’or). Les partis de gauche qui arrivent au gouvernement pas seulement en s’appuyant sur leurs propres forces, mais aussi parce que la caste politique d’un régime d’austérité a implosé, devraient essayer de penser une politique de gauche pour des majorités, et ils doivent améliorer concrètement les conditions de la vie quotidienne du plus grand nombre. Surtout dans les conditions d’appauvrissement cauchemardesque et du plongeon dans le vide causé par les deux mémorandums de la Troïka.

Dans sa semaine fiévreuse de mobilisation permanente, la campagne « OXI », aussi, ne reposait pas sur un leadership central, mais sur l’auto-responsabilisation libre d’innombrables militants qui ont créé, multiplié, et par conséquent aussi socialisé leur propre OXI via les médias sociaux et dans le rues.

Tout cela est-il encore à notre disposition ? Probablement. La désillusion est palpable. Cela doit-il rester ainsi ? Le vieux jeu triste du réformisme parlementaire contre les mouvements radicaux qui veulent avoir davantage va-t-il reprendre ? Peut-être, mais il y a autre chose. La relation entre de larges parts du mouvement et le gouvernement existe toujours ; elle a été bafouée mais pas rompue. Ce qui sera décisif est de savoir comment SYRIZA non seulement explique sa décision dans cette situation, mais en fait un point de départ pour une mobilisation ultérieure. C’est seulement alors qu’on pourra parler d’une éventuelle capitulation. Cependant, ce qui est également déterminant, c’est de savoir si les mouvements continuent à exercer une pression sur leur gouvernement ; s’ils sont réellement en mesure non seulement de réfléchir à la question de la socialisation de la rupture avec le régime fiscal actuel, incarné en partie par l’euro, mais aussi de s’organiser autour d’elle comme processus social impliquant un grand nombre de gens. Nous n’avons pas de conseils particuliers sur la façon de le faire et nous nous abstenons volontairement d’en donner. Cependant, deux choses nous semblent tout aussi claires : il est possible dans les conditions actuelles de gouverner sans pragmatisme, et, dans le même temps, les mouvements ne doivent pas être subordonnés à la logique gouvernementale ou le devenir.

8. Une réorganisation de la politique

Quoi qu’il arrive, le référendum a donné une nouvelle dimension à l’espace politique non seulement en Grèce, mais aussi en Europe. Sur tous les plans imaginables, il a politisé la crise et la gouvernance européenne. Les voiles technocratiques tombent, tandis que la force brutale des politiques est de plus en plus patente. Leurs lois naturelles déterminent les lois de leurs politiques, mais leurs lois peuvent être remises en cause. « Il n’y a pas d’alternative » est maintenant confronté à la social-démocratie.

Les partis de l’ancienne « gauche », que ce soit en France, en Espagne, en Italie, en Angleterre – ou surtout en Allemagne (SPD) – ne sont désormais rien de plus que « les gestionnaires du capitalisme mondial » (Badiou). Leur « oui » contre SYRIZA et la population grecque a effacé de leur mémoire les derniers vestiges du keynésianisme et les derniers éléments de la solidarité sociale-démocrate. Ils ont rassemblé tous les moyens à leur disposition pour repousser la première contre-offensive puissante au néolibéralisme et à son austérité. Il s’agissait d’une déclaration de guerre contre le nouveau et contre toute tentative d’échapper aux limites de l’ordre actuel. Beaucoup ont su le comprendre, et beaucoup ont été scandalisés de voir comment l’auto-responsabilisation démocratique a été ouvertement soumise à l’intimidation et à la manipulation par « la réforme fiscale structurelle ». L’Europe n’est plus ce qu’elle était. C’est maintenant seulement une question de temps avant que la demande d’un référendum européen sur le TTIP vienne en discussion et avant que d’autres groupes exclus exigent leurs droits. Depuis des décennies, la crise de la représentation a seulement connu une réponse de droite : la Hongrie, Le Pen, le Danemark, Pegida. Maintenant, elle a une réponse de gauche, qui ne peut plus disparaître à moyen terme, quelle que soit la forme concrète qu’elle revêt. Elle s’est positionnée comme force politique avant les 34 pour cent de l’élection de janvier. Et même dans les systèmes parlementaires, il existe – au moins à long terme- la possibilité d’actions rebelles. OXI demeure l’antagonisme politique central des années à venir et a en même temps dix ans d’avance sur les autres mouvements en Europe.

9. L’empire est détruit de l’intérieur, pas de l’extérieur.

Ceux qui disent que l’empire européen ne peut être réformé ne doivent pas en conclure qu’il faut le quitter. Bien sûr, il n’y a rien à attendre de Merkel. C’est un véritable guerrier livrant combat pour sa classe. Mais il est tout aussi évident que l’on doit être et rester exactement là où se trouve l’ennemi, où peut se trouver leur propre inimitié.

En fin de compte, nous nous battons dans l’entreprise et dans le quartier de la ville et non dans un endroit d’où les rapports de domination sont absents. En tout cas, il n’existe et n’existera pas un tel lieu, même en Grèce après un Grexit. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’euro et de l’UE, la réalité européenne constitue les limites objectives du renouveau grec. C’est là que commence la responsabilité des mouvements européens, en particulier en Allemagne. Il nous appartient maintenant de dépasser les frontières. Cela concerne tous les mouvements sociaux et les luttes politiques pour une Europe des droits pour tous et une véritable démocratie. Cela implique des ancrages de protestation transnationale comme Blockupy, ainsi que d’autres connexions transfrontalières de la gauche radicale. Et, bien sûr, cela implique le Parti de la gauche européenne autour de Die Linke. Chacun a quelque chose à changer ; chacun a à réévaluer ses politiques et à se demander : comment internationaliser la cause grecque et européaniser le vote OXI ? Ensemble, séparément, unis, partout,de toutes les manières possibles. Nous devons moderniser notre pratique – au sein de cette constellation.

Et encore une chose : SYRIZA n’a pas besoin d’un fan club. Nous devons apprécier la grande valeur d’un gouvernement de gauche, sans être « fidèles à Moscou ». « Malheureusement, les petits pas en avant ont encore besoin de grands sacrifices », c’est le texto que nous a envoyé un camarade de Diktio le vendredi au cours duquel la décision capitale a été prise. Oui, c’est une saloperie. Mais il faut continuer. Quoi d’autre ?

PS : Notre équipe achève son rapport et revient dans l’action. Quoi qu’il arrive à partir de maintenant les récents événements nous ont déjà transformés. A Athènes, nous nous sommes battus avec d’autres jusqu’à l’épuisement, mais nous avons aussi parlé avec des camarades clairvoyants et des gens ordinaires courageux qui nous ont dit les raisons de leur OXI. Nous avons vu combien nous voulions l’amitié plus grec contre l’ordre de l’Allemagne. C’était passionnant et historique, et nous avons beaucoup appris.

PPS : Toutes nos analyses de base ne bougent pas jusqu’à présent, bien que beaucoup de choses puissent tourner différemment dans les prochaines heures et jours. « Il n’y a pas d’alternative » est censé gagner – choc et effroi, rien ne doit survivre. Si l’énorme niveau de soumission est insuffisant, la société grecque devra risquer le grand saut dans l’inconnu. Ou bien elle reste dans un néant répété ou bien elle passe dessous. Quelque chose va de nouveau arriver. Mais ce ne sera pas décidé non pas par le seul gouvernement ; tous les enjeux seront alors vraiment dans les rues.