Grèves, mobilisations et dialogue des forces politiques et sociales

C’est une appréciation assez réaliste que Reuters a émise au début de son rapport sur la réunion du Conseil de l’UE : « l’Europe signe un pacte fiscal dirigé par l’Allemagne. La chancelière Angela Merkel a conforté son ascendant politique en Europe, lundi, quand 25 des 27 Etats de l’UE ont accepté un pacte d’inspiration allemande, pour une discipline budgétaire stricte, alors même qu’ils luttaient pour faire renaître la croissance des cendres de l’austérité. »
Comme on l’a démontré à maintes reprises, le paquet fiscal des États européens les oblige à introduire dans leur législation nationale un « frein à l’endettement » juridiquement contraignant et définit les déficits budgétaires, les dettes respectives des États, sous la menace d’un mécanismes de sanctions automatiques. Cette politique d’austérité synchronisée des Etats membres de l’Union européenne, imposée par le paquet fiscal, a récemment été mise en question par la directrice du FMI elle-même, Christine Lagarde, comme pouvant faire courir un risque à l’économie mondiale.
Les bienfaits et les dommages de cette politique d’austérité, orchestrée par la Commission européenne, le duo Merkel / Sarkozy et la BCE sont inégalement répartis. En pleine crise de la dette, les exportations allemandes de 2011 ont atteint – selon ce qu’on a annoncé début février – un niveau record de 1060.1 milliards d’euros (11,4% de plus que l’année précédente).
Dans le même temps, en Allemagne elle-même, les bénéfices et les profits sont concentrés au niveau le plus élevé possible. Dans cette veine, Peter Loescher, à la tête du conseil d’administration de la société internationale allemande Siemens, a déclaré un niveau record des résultats effectifs de l’entreprise pour l’exercice 2011. « Siemens dispose d’un portefeuille solide et est synonyme de stabilité et de confiance en ces temps troublés ». Le bénéfice de l’ensemble du secteur a grimpé de 36%, atteignant 9,1 milliards d’euros. C’est pourquoi les principaux syndicats, ver.di et IGM avancent, cette année, des revendications salariales ambitieuses et sont prêts à des actions collectives.
Sur le revers de la médaille, il y a des programmes de privatisation (expropriation) avec des réductions drastiques du niveau de vie impulsées par la troïka par le biais de la Grèce : baisse des salaires minimaux de plus de 20% dans le secteur privé ; coupe réactive dans les fonds de pension, destruction du système de négociation collective ; licenciements massifs dans les services publics, etc (voir compte-rendu séparé).

Résistance et alternatives politiques

En 2011, plus de 20 grèves générales, des grèves dans les services publics et des manifestations de masse, dans un cadre national, ont montré que dans toutes les parties de l’Europe la résistance contre la destruction de nos sociétés s’est accrue. Les premières semaines de l’année ont vu des grèves générales en Belgique et à nouveau en Grèce ainsi qu’une manifestation de plusieurs centaines de milliers de personnes au Portugal. Le 29 février, la Confédération Européenne des Syndicats a appelé à des actions dans toute l’Europe. Le 29 mars, une grande manifestation est prévue à Copenhague à l’occasion du Conseil de l’UE. La protestation croissante contre la politique d’austérité et la tendance autoritaire dans l’Union européenne s’exprimera dans la mobilisation pour une action de protestation spectaculaire devant la Banque centrale européenne de Francfort, prévue en mai de cette année.
Mais cela ne contrebalancera pas suffisamment l’offensive des régimes néo-libéraux. On a besoin d’efforts énergiques de la gauche, dse syndicats, des mouvements sociaux, et de toutes les forces politiques pour développer des luttes unies à l’échelle européenne, et pour que s’expriment les convergences existantes en matière d’alternatives.
Les 29 et 30 mars, la 2e édition de la Conférence sociale conjointe, forum de concertation de représentants des syndicats, des mouvements sociaux et des ONG aura lieu à Bruxelles. L’un des thèmes débattu sera la préparation d’un sommet alternatif des citoyens de l’Europe à l’automne 2012. Les 30 et 31 mars, le Parti de la Gauche Européenne, en collaboration avec transform! Europe, invite également les syndicalistes, les politiques et les militants à un rassemblement dans lequel on débattra de l’idée d’un grand « sommet alternatif » mettant l’accent sur ​​l’identification des convergences dans les analyses et les stratégies des différentes forces (programme, calendrier, lieu et modalités d’inscription seront bientôt disponibles).
Ces deux rassemblements sont inspirés de la même idée : l’Europe a besoin d’une autre politique, cela signifie également revoir les institutions et les traités ; pas dans le sens d’un durcissement du néo-libéralisme punitif, mais plutôt pour reconquérir la démocratie. Il existe des alternatives. Ce qui manque aujourd’hui, c’est un équilibre des pouvoirs pour mettre en œuvre ces alternatives et concevoir des processus politiques afin de ramener le projet européen sur la voie de la démocratie, du progrès social et écologique. Le sommet alternatif auquel nous appelons constituera une première étape dans la réalisation de ces objectifs.