Conférence sociale de printemps

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Ces 10 et 11 mars, des représentants-es de syndicats nationaux ou européens, d’ONG et de réseaux sociaux, provenant de 15 pays de l’UE (tant de l’Est que de l’Ouest), se sont réunis pour la première « Conférence sociale de printemps ». Cette conférence vise à rassembler chaque année avant le Sommet social de printemps un large échantillon de syndicats, de mouvements sociaux et de militants à la recherche d’alternatives à la mondialisation, pour affirmer les priorités pour une Europe plus sociale, plus écologique et plus démocratique. Tous les participants affirment que l’Europe doit honorer ses engagements en matière de droits fondamentaux.
L’ensemble de ces organisations rejette catégoriquement les orientations du « pacte de compétitivité » négocié de façon totalement antidémocratique ; ce type de gouvernance économique constituerait une véritable déclaration de guerre aux peuples d’Europe, aux travailleurs, aux pensionnés, aux services publics et à leurs usagers et, en fin de compte, à tout ce qui fait la valeur du modèle social européen.
La crise actuelle n’est pas un simple accident : elle confirme ce que nous pressentions : l’impasse que constitue un modèle de développement basé sur la croissance ignorant l’impact écologique et social, la consommation à outrance, et l’exploitation effrénée de la nature et des travailleurs. Ce ne sont pas les travailleurs qui ont causé la crise, et ce sont eux qui en ont été jusqu’ici les victimes. Ça suffit ! La situation budgétaire critique des pays de l’UE doit être traitée autrement :
● par une fiscalité juste qui, à l’inverse de la tendance actuelle, pèse davantage sur les gros revenus et sur les revenus financiers que sur les travailleurs (retour à des taux progressifs, taxe européenne sur les transactions financières, suppression des paradis fiscaux, instauration d’un minimum européen sur l’impôt des sociétés).
● par un audit des dettes publiques des pays de l’UE : nous n’acceptons pas d’hypothéquer l’avenir d’une ou plusieurs générations de citoyens à cause d’une dette qui est largement celle des spéculateurs et du système financier.
Le « pacte » de MM. Barroso et Van Rompuy exercerait une énorme pression à la baisse sur les salaires :
● en empêchant qu’ils suivent régulièrement le coût de la vie ;
● en démantelant la négociation collective par des clauses d’opt out ;
● en augmentant encore la flexibilité, la précarité et le chômage.
Ceci alors que les salaires (notamment dans les services publics et dans les pays de l’Europe centrale et orientale) ont déjà connu des baisses très importantes dans plusieurs pays. Dans de nombreux pays, le nombre de travailleurs pauvres a augmenté rapidement.
Les entreprises réalisent de nouveau des profits très importants, et paient de moins en moins d’impôts.
Nous savons que la crise de 2008 résulte dans une large mesure d’un partage des richesses défavorable aux salaires, et d’une accumulation excessive de profit.
Notre alternative : une économie respectueuse de la planète, tournée vers le plein-emploi par un meilleur partage des richesses et des emplois, où tous les travailleurs puissent compter sur des salaires décents, négociés collectivement. Les salaires horaires doivent augmenter en fonction des prix et de la productivité. De tels salaires sont la base de la sécurité d’existence décente, mais aussi de tous les systèmes de protection sociale et de services publics.
Ce « pacte » diminuerait le montant réel des pensions (par des baisses de taux, par le relèvement de l’âge de départ, par des coupes dans les régimes publics de pension). Pour leur retraite, les travailleurs seraient livrés soit à la misère, soit (pour les mieux payés) à la merci des fonds de pension privés.
On peut financer des pensions par répartition à un niveau suffisant, garanties par l’État, sans relever l’âge de la retraite.
Face à cette déclaration de guerre contre les peuples et les droits fondamentaux, gouvernements, parlementaires et mouvements sociaux doivent se positionner clairement.
Tous les mouvements et organisations présents à la Conférence sociale approuvent pleinement le programme de la semaine d’actions annoncée ce jour par la CES, et l’euro-manifestation convoquée à Budapest le 9 avril. Au-delà, il s’agit aujourd’hui de construire un réseau de solidarité et des mobilisations contre cette offensive sans précédent sur les droits des peuples et des travailleurs.
Dans les semaines qui viennent, et tout au long de 2011, ils se mobiliseront à tous les niveaux (local, national, européen et globaux – G 8 et G 20). Ils soutiendront aussi les luttes contre les privatisations et pour la défense des biens communs, comme par exemple la mobilisation en Italie pour reconquérir le contrôle public de l’eau (notamment la marche du 26 mars à Rome).
Le Parlement européen a un rôle important à jouer. Dans chaque pays, nos organisations mettront leurs europarlementaires nationaux sous surveillance : les citoyens, les travailleurs et les allocataires sociaux doivent savoir qui sont leurs adversaires et qui sont leurs alliés.
Conférence sociale de printemps 2011,
Bruxelles, le 11 mars

À cette première Conférence sociale de printemps étaient représentés :
Syndicats :
CGIL- It ; Cartel Alfa – Ro ; CGT – Fr ; CSDR – Ro ; FO – Fr ; FGTB – Be ; FSU – Fr ; CSC – Be ; CISL – It ; CIG Galicia – Sp ; CGTP-In – Po ; Fagforbundet – No ; ELA – pays Basque ; ESK – pays Basque ; BNS – Ro ; MSZOSZ – Hu ; MOSZ – Hu ; Solidaires – Fr.
Confédérations internationales :
CES, CSI, EPSU.
Mouvements :
Attac (Fr Be All) ; Transnational Institute ; European Anti Poverty Network ; Réseau Justice Fiscale ; Transform (Autriche ; Rep Tchèque ; Pologne) ; CADTM ; réseau Seattle to Brussels ; Caritas Europe ; Association européenne des Droits de l’Homme ; LDH France ; Forum Italiano dei Movimenti per l’Acqua ; Nordic Welfare Campaign ; MAIS – It ; Romanian Social Forum ; Les économistes atterrés ; Conf of kurdish associations Europe ; CEO – Corporate Europe Observatory ; Global Social Justice ; Euromarches ; Global Alliance for Immediate Alteration – Nl ; Degrowth.