Élections présidentielles en Pologne

Au premier tour de scrutin le 10 mai Andrzej Duda et le président sortant Bronisław Komorowski ont obtenu le plus grand nombre de votes. Duda se présentait pour le parti nationaliste conservateur PiS ("Droit et Justice") et, jusqu’à maintenant, était membre du Parlement européen. À l’origine, Komorowski appartenait à l’aile conservatrice du PO libéral-conservateur («Plateforme civique»).

Au deuxième tour de scrutin, à part les différentes origines politiques des deux rivaux, l’âge des candidats a également joué un rôle majeur. Komorowski, âgé de 62 ans, a souligné dans sa campagne son expérience, son engagement en faveur de la sécurité et de l’unité, ce qui correspond à son caractère et dans une grande mesure aussi à ses opinions politiques. Il a surtout promis le maintien de la stabilité et a donc insisté sur ses cinq années d’expérience au poste présidentiel. Son rival de 42 ans a insisté sur les changements qu’il jugeait nécessaires pour le pays et a mené une campagne à l’image dynamique qui faisait appel principalement aux jeunes électeurs.

Les résultats

Le vainqueur de l’élection, Andrzej Duda, a obtenu 51.55% (8.63 millions) et Komorowski 48.45% (8,11 millions) des suffrages exprimés. Le taux de participation cette année s’est élevé à 55,34%, ce qui est presque égal au taux de participation de 2010.

Duda a pu mobiliser pratiquement tous les électeurs de Jarosław Kaczyński qui ont soutenu PiS à la dernière élection. Komorowski a subi des pertes par rapport à 2010 – il a seulement réussi à convaincre 80% de ses anciens électeurs. Pour cette raison, l’avantage de Komorowski de 2010 a été épuisé.

Les électeurs qui n’avaient pas encore l’âge de participer aux élections de 2010, et plus généralement les électeurs de moins de 30 ans, ont joué un rôle important dans ces élections. Duda et sa campagne dynamique ont réussi à l’emporter sur Komorowski qui a donné une impression générale archaïque. Ce fut pour Duda un atout décisif qui a conduit à sa victoire électorale – le challenger nationaliste-conservateur a remporté la victoire grâce aux jeunes électeurs qui ont été déterminants pour le résultat des élections.

En regardant les résultats, on note de grandes disparités territoriales. Alors que les bastions de Komorowski (60% des votes) se trouvent dans le nord-ouest du pays, Duda a réussi à atteindre plus de 70% dans le sud-est. Komorowski occupe la première place dans la plupart des grandes villes ; par exemple à Varsovie, Poznan, Wroclaw et Cracovie ; Duda a attiré près des deux tiers de la population rurale. C’est particulièrement intéressant ; même si le parti PSL des agriculteurs est le partenaire de coalition du PO au sein du gouvernement, une grande majorité des électeurs et des partisans PO a quand même décidé de voter pour le candidat du PiS.

Alors que les femmes ont voté à égalité pour les deux candidats, les hommes semblent avoir préféré Duda.

Les électeurs ayant un niveau élevé de qualification ont eu tendance à choisir Komorowski; un nombre important de ceux qui sont moins qualifiés, cependant, a voté pour Duda. D’autre part, Duda a été fortement soutenu par les étudiants.

Bien que Komorowski soit largement considéré comme un politicien conservateur catholique, l’Église catholique a soutenu Duda tout à fait ouvertement. À de nombreuses reprises Komorowski s’est référé à la Constitution qui prévoit une séparation complète de l’état et de l’église. Duda s’est engagé à intervenir en faveur d’une nouvelle constitution. Par conséquent, le jour de l’élection de nombreux prêtres ont appelé les pratiquants de l’église à voter pour le candidat qui était le plus en conformité avec l’Evangile.

Même si la législation polonaise dispose déjà de nombreuses réglementations rigides dans de nombreux domaines tels que la planification familiale et les sujets qui concernent directement les droits des femmes (à peine comparables à tout autre pays de l’UE), ces règlements peuvent être encore plus renforcés après la prise de fonction de Duda. Il peut certainement être prévu en tout cas que le nouveau président qui prendra ses fonctions en août 2015 ne poussera pas à libéraliser plus qu’il n’y sera obligé.

Texte initialement publié en allemand sur : http://www.rosalux.de/news/41526/praesidentschaftswahlen-in-polen.html