Grève des travailleurs précaires de la télémédecine

La lutte de plus de 400 infirmières contre les réductions de main-d’œuvre et les salaires précaires est sous le feu des projecteurs au Portugal, car la société privée qui gère le service public de télémédecine a ouvert le feu sur plus de 100 travailleurs précaires qui ont refusé qu’on leur impose 40 à 45 % de réduction de salaire et exigé d’être légalement employés par la société après des années de travail comme faux recibos verdes (travailleurs indépendants ).

Les travailleurs se sont mis en grève le 4 janvier, obligeant la société à appeler tous ses cadres pour minimiser les pertes d’appels. La société a fait appel à une entreprise de communication pour mener une campagne de dénigrement contre les travailleurs, les accusant de faux appels téléphoniques. La grève a été un moment important de la lutte, réunissant les centres d’appels de Lisbonne et de Porto pour un coup d’arrêt, ce qui n’avait jamais été essayé avec succès par les travailleurs précaires au Portugal.

Les travailleurs ont pu obtenir que les inspecteurs du travail fassent une inspection dans les deux centres d’appels, afin de déterminer si oui ou non les travailleurs ont été faussement embauchés. Cette lutte a eu une grande importance publique et politique, car les deux partis de gauche ont mis le gouvernement et le ministre de la Santé face aux faux contrats, aux réductions de salaires et aux licenciements. Même le Parti socialiste du centre a interrogé le ministre sur la situation. Parallèlement, des campagnes de solidarité, en particulier dans les médias sociaux, ont donné de la force aux revendications des travailleurs, et une petite marche a parcouru les rues de Lisbonne, avec pour objectif le ministère de la Santé. La contre-attaque de la société a été dans le pur style XIX siècle : ils s’en sont d’abord pris à 16 travailleurs, presque tous les porte-parole les plus importants qui avaient conduit la lutte publiquement, et quelques jours plus tard, ils s’en sont pris à 100 personnes de plus, qui avaient fermement refusé de signer un document dans lequel ils acceptaient les réductions de salaires, après plusieurs ultimatums et les tactiques coercitives de l’administration des entreprises et de leurs cadres. Les travailleurs ont violemment réagi, réclamant le limogeage de l’administration de la société, non seulement parce qu’elle attaquait les droits démocratiques fondamentaux tels que le droit syndical et le droit d’exprimer son opinion, mais parce qu’elle met en péril l’intérêt public de ceux qui utilisent ce service pour éviter d’utiliser le système d’urgence de santé déjà surchargé (qui, dans les derniers jours a vu de nombreux décès en raison des longs délais d’attente et des urgences débordées).

La semaine dernière, le Parlement a voté contre la régularisation du statut de travail des travailleurs. Avec la troïka de droite, la majorité du Parti social-démocrate et le Parti Populaire ont rejeté les propositions de la gauche, et les travailleurs se sont de nouveau mis en grève.

Parallèlement, la situation a également évolué avec la revendication par les partis de gauche de rmettre ce système sous contrôle public, car le service a été livré à un consortium de centre d’appels français géant Teleperformance et au portugais Optimus (services de communication), qui ont affirmé qu’ils veulent que les salaires tombent à 4 € de l’heure (ils gagnent actuellement 8,75 € / h). Le statut de partenariat public- privé a été l’excuse parfaite du gouvernement et du ministère pour refuser d’intervenir, bien que les conditions de travail soient clairement illégal (chose qu’il a réfutée en disant que c’était le problème de la société privée).

Cette lutte est un signe important de changement et d’espoir pour les travailleurs précaires. Elle a montré en effet comment des travailleurs qui ne peuvent pratiquement rien faire en raison de l’illégalité de leur embauche et de la précarité des relations de travail ont franchi une étape pour prouver qu’ils pouvaient faire et feraient tout ce qui était à leur portée pour en finir avec les préjudices qu’ils avaient subis. La pression est difficile à surmonter, mais même après les représailles massives et les licenciements par la société, la grève compte plus de la moitié des travailleurs qui n’accomplissent pas leur quart de travail et qui se rassemblent devant les centres d’appels à Lisbonne et Porto. Les travailleurs qui ont été licenciés sont en relation étroite avec ceux qui travaillent encore et qui sont actuellement en grève. Aujourd’hui, une lettre signée par des personnalités importantes de la santé, du travail et des droits constitutionnels du Portugal a été publiée, soutenant les travailleurs et condamnant les attaques illégales et la persécution à leur encontre.

La situation continuera à se dégrader, dans la mesure où les résultats de l’inspection du travail n’ont pas encore été présentés, et où la Commission de la santé du Parlement recevra une commission informelle des travailleurs mercredi prochain. La situation ne s’atténuera pas, car les travailleurs maintiennent leur volonté de lutter pour leurs droits à un contrat, au respect, et pour rétablir le service dans lequel ils travaillent comme outil important pour le service national de santé portugais.

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