Nicos Poulantzas, un marxisme pour le 21e siècle

La conférence a été organisée par Marxismes au XXIe siècle, en partenariat avec Espaces Marx, la Fondation Gabriel Péri, et les magazines Actuel Marx et Contretemps. Elle a eu lieu les 16 et 17 février 2015 au l’Université Paris-Sorbonne.

Bref compte-rendu

L’oeuvre de Nicos Poulantzas (1936-1979) nourrit les recherches marxistes les plus innovantes sur l’État, la crise, les classes sociales, la mondialisation, l’Europe, le fascisme, la transformation sociale, etc. Sur ces sujets, Poulantzas a ouvert de nouvelles voies dans la théorie marxiste en réexplorant les œuvres des classiques (Rosa Luxembourg et Gramsci entre autres) et en ouvrant le marxisme à de nouvelles influences, par exemple la théorie du pouvoir de Michel Foucault. Mais au contraire de la tradition vivante de la recherche poulantzienne en Grande-Bretagne, Allemagne, Grèce ou Amérique latine, ses œuvres ont paradoxalement été moins discutées en France dans les trois dernières décennies. Mais de nouvelles générations de chercheurs découvrent sa pensée et cherchent à l’utiliser pour comprendre les évolutions contemporaines du capitalisme. La conférence « Nicos Poulantzas. Un marxisme pour le XXIe siècle » fait suite à cette redécouverte du marxisme en France, et en particulier des travaux de Nicos Poulantzas.

La conférence a réuni des philosophes, des historiens, des sociologues et géographes autour de la question de l’actualité de la pensée de Nicos Poulantzas. Le premier et principal orateur était Alvaro Garcia Linera, vice-président de Bolivie et l’un des principaux marxistes en Amérique latine, qui a livré une lecture de la théorie Poulantzas sur l’Etat dans la perspective des récents processus de transformation sociale et politique en Bolivie. Les économistes Cédric Durand et Tristan Auvray ont également proposé de mettre la théorie de Poulantzas à la base du travail sur le débat Poulantzas / Mandel dans les années 1970 afin de questionner la pertinence d’une analyse du « capitalisme européen » aujourd’hui. À la lumière de leurs recherches sur l’histoire contemporaine, Ludivine Bantigny a ensuite abordé la question de la réception de la thèse poulantzienne dans la « gauche révolutionnaire » en France, et Marco Di Maggio a analysé la position complexe de Poulantzas dans le courant politique et théorique de l’eurocommunisme. Costis Hadjmichalis a montré comment l’analyse de Poulantzas sur l’Etat a inspiré la géographie radicale contemporaine et pourrait nourrir de nouvelles voies pour de futures recherches sur les géographies de l’État. James Martin a abordé la question de l’évolution de Poulantzas depuis ses premières œuvres jusqu’à l’État, le pouvoir et le socialisme en ce qui concerne la question de la fonction de la loi dans la domination politique et la transformation sociale. Stathis Kouvelakis a livré une reconstruction de la théorie de Poulantzas du fascisme, puis de l’État autoritaire et a proposé des arguments sur son actualité en Europe. Alex Demirovic, s’appuyant sur sa monographie sur la théorie de Poulantzas sur l’Etat, a analysé quelques difficultés de la théorie de Poulantzas sur l’Etat du capital en tant que relation sociale et la pertinence de ses réflexions sur la transformation démocratique vers le socialisme. Enfin, Isabelle Garo a analysé l’originalité de la théorie poulantzienne de l’Etat et de ses réflexions sur la stratégie politique dans le contexte plus large du marxisme contemporain.

200 personnes ont participé aux deux journées de conférence, parmi lesquelles de nombreux jeunes étudiants et universitaires. Une grande partie des discussions a porté sur la question de l’actualité de la théorie de Poulantzas en ce qui concerne les processus sociaux et politiques contemporains en Europe, notamment en France et en Grèce. Un ouvrage collectif sur la base de la conférence sera publié par une importante maison d’édition universitaire en 2016.

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