Conférence internationale : « Décolonisation – Nouvelles luttes émancipatrices »

Après la montée des mouvements populaires à travers le monde arabe, les nouvelles luttes émancipatrices ne sont plus limitées au Maghreb et au Moyen-Orient. De récentes manifestations pour la démocratie en Croatie, semblables à celles du Moyen-Orient et en mettant en scène de nouveaux sujets politiques, montrent les complexités de la situation en Europe, en particulier dans les Balkans, deux décennies après la chute des régimes du socialisme d’État.

Ici, au lieu de dictatures personnalisées, on trouve des pays soumis à la dictature de nouvelles oligarchies, y compris souvent des élites politiques corrompues, des milieux d’affaires et des cercles mafieux, ainsi que des magnats des médias. Le dogme néolibéral, promu par le FMI et l’UE, règne en maître et presque sans aucune résistance depuis le début des années 1990.

En raison d’un énorme intérêt du public et de la fréquentation importante de la conférence (rassemblant parfois près de 1 000 personnes par conférence), il semble que la Croatie était l’endroit idéal : toutes les contradictions au cœur du capitalisme (chocs financiers, le consumérisme insouciant, les médias, une politique conduite par les élites, le déficit démocratique, la privatisation des services publics) y sont visibles, en même temps que les problèmes politiques, sociaux et économiques de la semi-périphérie post-socialiste, post-partition et de post-conflit.

Ce qu’apporte la nouvelle vague de protestations, c’est le rejet clair du système, à la fois politique et économique, la plus forte critique de l’économie capitaliste en Europe de l’Est depuis 1989. Cette critique vient de citoyens ordinaires, politiquement, à l’appartenance politique incertaine, la nouvelle gauche radicale et certains éléments d’extrême droite tentant de récupérer la rhétorique sociale au bénéfice de leur défense populiste de la «nation» et ses «valeurs traditionnelles». En dépit du conservatisme nationaliste, c’est précisément en Croatie que, depuis les manifestations étudiantes de 2009, un mouvement pour la démocratie directe s’est développé. En de nombreuses occasions la démocratie directe a été exercée avec succès non seulement parmi les étudiants, mais également parmi les travailleurs, les paysans et les militants des villes. La Croatie, en tant que pays à la porte de l’UE, est donc un excellent endroit pour mener un débat fructueux sur les alternatives possibles ou la dégénérescence future du capitalisme mondialisé, ainsi que sur la façon dont il exerce son influence sur les régions semi-périphériques et périphériques.