Les élections municipales constituent un échec historique pour la gauche social-démocrate

Pour le PS, c’est Waterloo. Sur les 160 communes de plus de 20 000 habitants dirigées par le PS, il en conserve 82, perd 78 et gagne 2 sur le PCF et 2 sur la droite. Des bastions historiques comme Limoges se sont effondrés. Si Lyon et Paris on été sauvées, de très nombreuses présidences des agglomérations de villes ou métropoles (qui gagnent en pouvoir sur les villes) sont dans la suite des élections perdues pour le PS Il s’agit davantage d’un naufrage du PS en raison d’un fort mécontentement et repli de son électorat que d’une déferlante de Droite. Les conséquences ne sont pas encore toutes visibles. Alors que le PS était pratiquement partout au pouvoir (assemblée nationale et Sénat, presque toutes les régions, majorité des départements et des grandes villes), tout cela s’effondre. Le Sénat passera lors du prochain renouvellement en septembre à droite, et les élections régionales et départementales en 2015 s’annoncent dramatiques pour la gauche. Le parti même en tant que structure sera profondément secouée dans la mesure où celle-ci est très liée à l’ancrage institutionnelle du PS.
Les comparaisons pour le PCF et le Front de gauche sont difficiles, car la situation a beaucoup évolué depuis 2008. Sur les 2901 communes de plus de 3500 habitants, le PCF conduisait dans 109 avec le PS des listes d’union de toute la gauche. Des listes Front de gauche sans PS étaient conduites dans 399 villes par le PCF, dans 43 villes par le Parti de gauche et dans 36 communes par des ‘non encartés’.  Dans 107 villes, le Parti de gauche conduisait des listes sans PCF qui se trouvait dans ces cas en alliance avec le PS. La tendance à la constitution de listes dans différentes configurations à gauche et sans le PS est nette. Mais la non existence de listes Front de gauche dans certaines grandes villes et en particulier à Paris ainsi que la crise publiquement visible au sein du Front de gauche n’ont pas permis de faire vivre une dynamique Front de gauche au niveau national. Dans certaines villes, de telles listes on réalisé de bons scores sans être entraînées dans la chute du PS. Le PCF quant à lui connaît à nouveau, après une presque stabilisation en 2008, une importante érosion de ses bases locales commencée en 1977. Il conserve 137 villes de plus de 3500 habitants, perd 47 et gagne 12 dont deux importantes (Aubervilliers et Montreuil en Ile de France).
A droite, les grands vainqueurs sont l’UMP et l’UDI qui gèrent aujourd’hui 269 villes de plus de 20 000 habitants, après 187 avant les élections. Le FN sort renforcé de cette élection ayant gagné neuf villes de plus de 10 000 habitants, 4 prises sur la gauche (dans le Nord) et 5 sur la droite (dans le sud). La porosité entre électorat de droite et l’extrême droite s’est confirmée. Le projet d’une fondation près du PS d’utiliser la présence du FN au deuxième tour pour mobiliser à gauche n’a pas fonctionné. Globalement, le FN est revenu, après le captage de son électorat par Sarkozy, au niveau de 1995. Au premier tour il a présenté des listes dans 597 villes ayant rassemblé 1 033 521 votes (512 villes, 924 000 votes en 1995). L’ensemble des forces de droite mènent aujourd’hui la bataille dans la rue (avec les grandes manifestations de 2013), au niveau des idées, dans les cités populaires, dans les urnes.
Compte tenu de l’effondrement historique de la socialdémocratie et de sa posture politique qui pourrait conduire à une crise existentielle du PS, le Front de gauche doit de toute urgence se reconstruire (comme il a commencé à le faire avec la marche contre l’austérité du 12 avril, et l’accord pour la constitution des listes pour les élections européennes) et innover en matière stratégique pour pouvoir élargir le rassemblement de toutes les forces luttant pour une politique de gauche.