France : pour la première fois, une majorité de gauche au Sénat

Jusqu’à présent, il était communément admis que jamais, avec la constitution de la 5ème République adoptée en1958, le Sénat (la deuxième chambre) ne pourrait basculer à gauche. Pourtant, lors des élections sénatoriales du 25 septembre dernier, malgré un mode de scrutin taillé sur mesure pour la droite, ceux qu’on appelle « les grands électeurs », c’est-à-dire, les élus locaux et les députés, ont élu pour la première fois une majorité de gauche au Sénat. Les divisions de la droite, le rejet de la politique gouvernementale, la colère des élus locaux face aux attaques contre la démocratie locale, à l’étranglement financier des collectivités territoriales et des services publics expliquent ce résultat.
Bien qu’on ne puisse pas vraiment assimiler les 72 000 « grands électeurs »  à la grande masse du corps électoral, ce basculement résonne comme un signal d’espoir pour les échéances de 2012. Premier résultat positif : la "règle d’or" (inscription dans la constitution de l’interdiction de déficits publics) ne pourra pas être adoptée, à moins que les élus socialistes ne la votent. Mais pour que ce renversement soit un point d’appui pour une réelle alternative et pour éviter l’échec d’une simple alternance, il faut que le Front de Gauche soit à l’offensive et que les mouvements sociaux portent leurs exigences à l’intérieur même du Sénat. Celui-ci doit devenir dès maintenant un lieu de résistance à la politique de régression sociale et d’élaboration d’un changement de logique politique.