Une alternative prend forme

Alors que les chefs d’État de l’UE étaient réunis à Bruxelles pour un nouveau sommet d’urgence, transform! europe et le Parti de la Gauche européenne ont rassemblé les 8 et 9 décembre 2011 des experts, des politiques et des militants  pour un atelier sur la situation actuelle dans une UE en crise.
Une cinquantaine de personnes – universitaires et chercheurs, acteurs sociaux et politiques – venues d’une dizaine de pays ont participé à l’atelier « Le point sur le crise de l’UE – l’urgence des alternatives » organisé par Transform ! en coopération avec le Parti de la Gauche Européenne à Bruxelles les 8 et 9 décembre. Après l’ouverture par Maité Mola pour le PGE et Elisabeth Gauthier pour Transform !, Trevor Evans (EuroMemorandum, Allemagne), Johannes Jäger (Université des sciences appliquées, Vienne), Xavier Dupret (GRESEA, Belgique), Peter Wahl (WEED, Allemagne), Nikos Chountis (GUE/NGL, Grèce), Henri Sterdyniak (Economistes atterrés, France) et Jacques Rigaudiat (Fondation Copernic, France) ont présenté des contributions autour de trois grands thèmes : Le point sur la crise de l’UE et les conséquences de la mise en cause de la démocratie et de "l’oligarchisation" croissante ; Comment inventer un nouveau système de crédit pour financer l’économie réelle et agir dans l’intérêt public ? ; Quelles convergences et bases communes pour des luttes politiques solidaires dans une Europe au bord de l’explosion et marquées par de profondes contradictions et asymétries?

Les contenus d’une logique en rupture avec celle qu’une oligarchie ayant recours à des méthodes autoritaires met actuellement en œuvre se profilent de plus en plus nettement : dé-privatiser la création monétaire ; prendre en tenaille les marchés financiers par des régulations très restrictives d’un côté et la relance de l’économie réelle et des salaires de l’autre ; dé-privatiser et restructurer le secteur bancaire ; réduire le pouvoir des grands actionnaires sur l’économie ; réformer la fiscalité selon des critères de justice sociale et en fonction des besoins des sociétés ; développer la démocratie économique… L’analyse de la nature de la dette publique contemporaine et des meilleurs moyens de la contrer continue de faire débat, tout comme la conception la plus appropriée d’un secteur bancaire au service de l’économie réelle et des sociétés. Si le contexte de crise, l’agressivité des marchés et les contradictions au sein de l’Europe exigent l’intensification de la coopération au niveau des instances européennes, c’est à partir des intérêts des peuples que celle-ci doit être conçue du point de vue de ses contenus et méthodes. Il y a besoin d’une détermination politique, à l’opposé de l’austérité et de la « gouvernance autoritaire ».

Ni la situation de l’UE ni les décisions du sommet tenu simultanément avec notre atelier ne laissent aucune place à de l’optimisme quant à la capacité des dirigeants de dégager des issues positives. Un scénario chaotique ne peut aucunement être exclu. Au sujet des stratégies de transformation, il s’avère nécessaire de mieux analyser les évolutions en cours quant à l’exercice des pouvoirs économiques et politiques en Europe, quant à la nature de la confrontation et aux rapports de force entre une nouvelle « oligarchie » et la grande majorité des populations dont les conditions de vie sont de plus en plus dévastées. Ces recherches s’avèrent nécessaires pour mieux comprendre comment pourraient être dépassées les divisions qui minent les sociétés et gênèrent de l’impuissance et sur quelles bases pourraient se constituer de nouvelles alliances au niveau national et européen. Il est frappant de constater que la multitude de résistances, de luttes et de protestations, d’élaboration de plateformes alternatives, d’initiatives politiques ne débouche pas pour l’instant sur une dynamique sociale et politique convergente suffisamment puissante pour modifier les rapports de force et changer le cours des choses. Perfectionner les analyses et propositions, favoriser des processus qui sauraient articuler résistances et alternatives, autant de défis pour les participants de cet atelier qui ne manqueront pas de se fixer de nouveaux rendez-vous de travail. Dans cette optique, Transform ! prendra l’initiative de la mise en place d’un réseau d’universitaires et de chercheurs dont les contributions pourront nourrir ces processus.

Dans la soirée, une réunion publique était organisée sur la dette en Europe, avec des représentants des confédérations syndicales belges CSC et FGTB, le Comité pour l’abolition de la dette du Tiers-monde et  transform! europe.