Discours d’Alexis Tsipras lors de la conférence nationale de SYRIZA

Au cours des derniers mois, nous n’avons cessé de livrer des batailles, grandes et petites. Beaucoup d’entre elles ont été remportées.

Avec de la persévérance et de la détermination, nous avons lutté pour faire valoir les droits du peuple grec.

Nous nous sommes battus corps et âme dans le seul objectif et le seul but de faire valoir le droit de tout un peuple à espérer ; le droit de la nouvelle génération de rêver d’un avenir meilleur ; le droit à la vie et à la création pour les travailleurs et des chômeurs; le droit à la dignité pour les personnes âgées.

Nous avons livré des batailles dans des conditions défavorables.

Nous avons lutté non seulement contre un système politique de corruption et de collusion, mais aussi contre des ennemis puissants ici et à l’étranger.

Pas un instant nous n’avons hésité ou eu peur de prendre des risques, d’innover, d’aller au bout du chemin.

Ce combat, disent certains, a été vain.

Nous répondons : Imaginez où en seraient maintenant l’accord, le peuple, la gauche sans ce combat, sans cette négociation ; quel accord Samaras aurait rapporté au pays.

Nous avons décidé de n’épargner aucun effort pour défendre les droits de la Grèce.

Nous en sommes fiers.

Pour finir, nous avons choisi de ne pas accepter l’option du suicide national que nous avaient préparée les puissances les plus conservatrices d’Europe ; de ne pas provoquer la destruction de la majorité de notre peuple, en particulier des plus vulnérables et des classes ouvrières qui ont mis leurs économies d’une vie dans les banques grecques.

Contrairement à la ploutocratie, qui s’est précipitée pour mettre ses richesses à l’abri dans des sociétés offshore et des banques étrangères.

Notre conscience est absolument claire ; nous avons fait ce qui était juste.

Nous ne regrettons ni d’avoir combattu de toutes nos forces, ni d’avoir fait le choix d’éviter la catastrophe.

Nous sommes fiers de nos décisions.

Nous sommes fiers de chaque pouce de terrain que nous avons gagné dans les négociations.

Aujourd’hui, nous sommes toujours là couvert des blessures du guerrier qui a refusé de se rendre et s’est battu jusqu’au bout.

Mais aussi avec la détermination et l’expérience accumulée pour continuer à nous battre.

Nous sommes ici, encore une fois, au début d’une nouvelle bataille électorale qui décidera de l’avenir.

Une bataille qui déterminera le droit du peuple grec et de la majorité sociale à continuer le combat,à garder l’espoir.

Nous aurions pu faire le choix d’échapper à la réalité, peut-être.

De forger notre propre vérité virtuelle.

De rester intact et pur.

De prétendre qu’à l’extérieur de la zone euro, nous pourrions garantir le niveau de vie des citoyens.

D’abandonner notre peuple à la rage vindicative d’un régime corrompu, d’un système politique qui a mis le pays dans cet état.

De ne pas nous tacher les mains en essayant de sortir le pays de la boue.

De ne pas nous soucier de voir cette génération et celles à venir se noyer dans cette boue.

Nous avons refusé de le faire.

Nous sommes ici, face à la réalité ainsi qu’à nos propres faiblesses.

Pour innover, aller de l’avant, ouvrir de nouvelles routes.Parce qu’il est facile de marcher sur les routes pavées. Mais nous sommes bien conscients que si la route était pavée, nous ne serions pas ici pour représenter les attentes, les préoccupations et les espoirs du peuple grec. D’autres seraient à notre place, comme ils l’ont été pendant de nombreuses années.

La gauche si – et ce n’est pas un hasard – a toujours pris les rênes dans les moments difficiles.

Et quand la gauche est allée de l’avant, elle a trouvé le chemin.

En allant de l’avant, vous ferez des erreurs, des compromis, et vous vous regrouperez.

Vous livrerez bataille.

Vous subirez des pertes – c’est certain – mais toutes les batailles connaissent des pertes.

L’essentiel est de ne pas rendre les armes.

Et nous ne rendrons pas les armes.

Nous sommes ici pour continuer le combat afin d’aller de l’avant – seulement de l’avant.

A partir de maintenant, si certains veulent se lamenter, qu’ils se lamentent; si certains veulent s’enfuir, qu’ils s’enfuient.

Nous regardons en avant– seulement en avant.

Parce que nos meilleurs jours sont encore à venir, et nos plus grandes batailles nous attendent.

Je sais, camarades, qu’au fond de nous, nous avons des sentiments mitigés.

Sentiments d’amertume, de colère et de détresse.

Et je sais aussi que tout est arrivé si vite que nous n’avons pas eu le temps d’exprimer et d’apaiser toutes ces émotions.

Mais je sais aussi qu’il y a de la détermination.

Je vais écouter attentivement chacun d’entre vous.

Je ne vous demande pas de taire vos pensées ou votre critique.

Je vous demande seulement de garder à l’esprit que la bataille se poursuit, elle est devant nous et déterminera – comme il se doit aujourd’hui – nos vues, nos décisions, notre attitude, notre comportement et nos initiatives.

Sans oublier quelle est la question cruciale : quel choix ferons-nous pour protéger le peuple grec et lui donner espoir ?

Nul ne peut ignorer que, non seulement au cours des sept mois de ce gouvernement, mais aujourd’hui aussi, nous avons été sous un feu nourri.

Nul besoin d’être un génie pour voir le plan de l’autre bord.

Leur plan dès le premier moment a été ce qu’ils appellent la « parenthèse de gauche ».

C’était clair à la fois lors des élections de janvier et pendant nos six mois de gouvernement.

Cela a culminé avec le bombardement international et intérieur systématique contre les positions grecques dans les négociations.

On l’a également vu avec les représailles asymétriques dont les citoyens et le gouvernement ont été menacés avant le référendum.

Par la guerre de la peur, toujours en cours aujourd’hui.

Il n’y a donc pas de place pour l’auto-illusion.

Telle est la dure réalité qui ne laisse pas de place pour l’auto-illusion.

Nous vivons un de ces moments où chacun doit décider avec qui il va aller et qui il laissera derrière lui.

Nos adversaires, qui possèdent des moyens de pression économique, d’intimidation, de propagande, de fraude et de corruption, cherchent à nous éliminer, à nous achever, à nous traîner dans la boue.

Tirons une conclusion de cette guerre impitoyable qui se déroule avec tous les moyens possibles :

Ce qu’ils ne sont pas parvenus à faire durant tous ces mois en dépit de tous leurs moyens.

Ce qu’ils ne pouvaient pas prédire – puisqu’ils considéraient que nous étions cuits, dès février.

Ce qu’ils ne sont pas parvenus à faire avec les banques et l’étouffement de crédit.

Ils veulent le réaliser en profitant de nos propres faiblesses.

Rappelez-vous combien temps et quelle place les grands médias ont accordé à la présentation de notre point de vue quand nous avons défendu le « non » au référendum.

Avec quel plaisir ils mettent maintenant en avant chaque dissension de nos membres et quelle place ils y accordent.

Avec quel plaisir ils ont favorisé le « théâtre de l’absurde » joué dans les comités du Parlement et diffusé en direct et quelle place ils lui ont accordée.

Quelle générosité ils ont montré soudain pour offrir leurs écrans de télévision à l’affichage de la guerre civile au sein de la gauche.

Tirons-en tous les conclusions.

Si nous voulons rester fermes, nous ne pouvons le faire qu’en étant unis, déterminés et disciplinés, en voyant clairement le rapport de forces, avec un plan, des initiatives radicales, du sérieux et de la cohérence.

Seulement en gardant et en défendant notre identité radicale, de gauche.

Seulement si nous écoutons les préoccupations de la majorité sociale que nous visons à représenter.

Et en avançant avec tous ceux qui comprennent que nous ne pouvons pas permettre le retour de la Grèce de la corruption, de l’évasion fiscale,de la fraude et de la collusion – cela pourrit et infecte tout autour de lui.

Par conséquent, aucune déformation, aucune propagande de défaite, aucune idéalisation, et aucun camouflage ne peuvent cacher la vraie nature des forces qui s’affrontent dans cette guerre.

Dans cette bataille électorale imminente qui décidera de l’avenir du pays et des classes laborieuses pour les années à venir.

D’un côté sont les forces de l’ancien système politique.

Les forces de la collusion, de la corruption, de l’intérêt partisan,de la kleptocratie, de la subordination du peuple à des intérêts puissants.

Des noms tels que Meimarakis, Samaras, Venizelos, Gennimata, Theodorakis n’ont pas vraiment d’importance.

Nous sommes confrontés à l’ancien régime qui a poussé le pays dans une tragédie.

Qui nous hante et nous fait trébucher à chaque pas.

Qui a asséché la vie des travailleurs.

Qui a bradé la démocratie.

Qui a décentralisé la corruption, construit et exploité le régime qui a finalement conduit aux mémorandums et a trouvé un toit à leur abri.

Et puis il y a nous, la gauche, SYRIZA, les forces sociales qui tireront bénéfice d’une grande révolution, radicale, démocratique et progressiste.

Nous, qui voulons démolir ce vieux régime avec des combats, petits et grands, politiques et sociaux, à travers des élections et mouvements populaires ; qui voulons le raser jusqu’au sol.

Et nous le ferons. Nous sommes condamnés à réussir.

Camarades,

Depuis janvier, pour nous tous, c’est comme si des années s’étaient écoulées en quelques mois.

Nous avons combattu, appris, acquis de l’expérience, nous avons mené de durs combats avec toutes nos forces – certains réussis, d’autres moins.

Dans une guerre difficile et complexe contre des ennemis qui possèdent des moyens illimités d’asphyxie de crédit, d’intimidation, de propagande, de provocation.

Il ne fait aucun doute que nous avons fait des erreurs.

Mais à travers les difficultés, nous avons réussi à laisser notre marque, ce qui ne peut être sous-estimé, encore moins effacé.

Au niveau national et à l’étranger, dans le conflit difficile avec nos prêteurs qu’on appelait négociation.

Je ne reviendrai pas sur ce point. Vous savez tous cela et vous avez déjà votre propre point de vue.

Je vais juste vous rappeler que toutes nos interventions et initiatives législatives – souvent en conflit avec les prêteurs – étaient de nature progressiste et au bénéfice du peuple.

L’ouverture de l’ERT [de la télévision publique grecque].

Le réintégration des gardes scolaires, de fonctionnaires, des personnels d’entretien, de 2.500 enseignants.

La suppression du ticket hospitalier.

Des changements dans la justice et la décongestion des prisons.

La nouvelle loi sur la citoyenneté qui a permis à des milliers d’enfants de respirer librement pour la première fois.

La fermeture des mines à Skouries.

Les coups portés à la corruption et à la collusion.

Cela n’a pas été facile ne peut être considéré comme acquis.

Et c’est ce que la Nouvelle Démocratie veut défaire.

De même les grandes réformes qui nous attendent ne seront pas faciles et ne pourront être considérées comme acquises.

Les grands dilemmes politiques qui nous attendent.

Que se passera-t-il pour la négociation collective ?

Que se passera-t-il pour la clause de déficit zéro ?

Que se passera-t-il pour la négociation de la dette ?

Parce que nous avons une énorme tâche devant nous.

Et nous ne devons pas la sous-estimer, l’abandonner, ou – pire encore – permettre aux partisans de la restauration réactionnaire d’annuler même nos premiers pas.

Alors, permettez-moi de demander à chacun de vous personnellement de se joindre à cette lutte.

Chacune et chacun d’entre nous.

Chacun de nous doit prendre part à cette bataille.

Tous ceux qui comprennent qu’un mandat fort pour SYRIZA lors des élections à venir sera une grande chance, pas pour nous, mais pour la Grèce.

Tous ceux qui comprennent que ce qui vient de commencer ne concerne pas l’avenir de la gauche ou de quelques individus, mais l’avenir de la classe ouvrière et de toutes les classes sociales souffrantes.

Et à ce stade, je voudrais évoquer non seulement ce que nous avons accompli en tant que gouvernement, mais aussi l’exaltation morale et la démocratie que nous avons créées.

Parce que le point le plus élevé du conflit, le référendum contre les forces du système politique coalisées contre nous, était un point haut historique de l’exaltation.

Et la grande majorité de NON au référendum ne peut être laissée à ses fossoyeurs, ou à ses représentants autoproclamés.

Il est, avant tout, notre propre NON.

Nous, le gouvernement SYRIZA, avons ouvert grand la porte en prenant un risque énorme pour que s’exprime la volonté du peuple à travers le référendum.

SYRIZA, nous tous, avons soutenu le NON et combattu, quand toutes les forces de la restauration réactionnaire complotaient et semaient la terreur, main dans la main avec les plus impitoyables des prêteurs.

Nous ne donnerons pas ce NON à qui que ce soit.

Il appartient au peuple grec et au gouvernement qui lui a donné l’occasion de l’exprimer ; et l’a soutenu tout le long du chemin.

Et permettez-moi de dire que ce NON n’a pas cessé avec la fin de la négociation.

Il a été jusqu’à présent le plus grand moment dans le grand effort que nous avons commencé le 25 janvier.

Il nous inspirera et guidera notre action pendant une longue période.

Parce qu’il n’a pas été exposé dans un musée pour être admiré par nos descendants, comme certains le croient, l’espèrent et le proclament.

Le NON n’était pas un OUI à la drachme, comme certains le prétendent maintenant, se livrant à un incroyable tour de passe-passe, puisque personne n’a jamais osé l’affirmer à l’époque.

Au contraire, j’ai demandé grâce au NON de ramener un accord meilleur que celui qu’ils nous offraient.

C’était un NON au système politique ancien et haineux.

C’était un NON à la collusion, à la corruption et au favoritisme.

C’était un NON à la dépendance, à la mise sous tutelle, aux limitations à la souveraineté nationale, au mépris de la souveraineté populaire.

C’était un NON à tous les barons, entrepreneurs nationaux, aux partis et hommes politiques qui traitent la Grèce comme si elle était leur propriété et les travailleurs comme des serfs.

C’était un NON à un régime dont le peuple ne voulait plus ; et que les élites ne seront pas en mesure de restaurer.

C’était un NON à un État bureaucratique, inflexible, hostile aux citoyens et favorisant la corruption, la collusion et le copinage.

Ce sens profond du NON est l’expression la plus sincère de la résistance du peuple grec ; au cœur de notre programme pour les quatre prochaines années.

C’est avec ce NON que nous allons passer à autre chose, camarades.

Ce NON résume la volonté et l’opiniâtreté de la majorité sociale pour changer le pays.

Nous sommes partie intégrante de cette majorité.

Elle nous inspire et nous voulons l’inspirer.

Elle nous soutient et nous sommes là pour la soutenir.

Et pas de plaidoyer de servitude, pas de nivellement délibéré vers le bas, en disant que nous sommes tous les mêmes,

Nulle calomnie ne peut changer cela.

Et dans l’accord avec les prêteurs, qui est à juste titre beaucoup discuté, ce n’est pas seulement leurs volontés qui ont été enregistrées, comme dans les cas précédents.

Le NON aussi a été enregistré.

Notre résistance a été enregistrée.

Un NON et une résistance qui ont mobilisé des millions de personnes partout dans le monde pour se tenir à nos côtés.

Qui a mobilisé d’éminents experts et scientifiques en faveur de la Grèce.

Qui a mobilisé des gouvernements.

Ils ont annulé des plans sinistres d’expulsion et de destruction du pays « indiscipliné ». Parce que, avec force et opiniâtreté, nous avons posé les questions de l’Europe et de la dette au Parlement européen.

Et cela a finalement imprimé leur marque en profondeur dans l’Accord.

Celui-ci comporte 20 milliards de mesures de moins que celles qui étaient fixées, il n’est pas soumis à la législation anglaise et comporte un plan d’investissement qui doit être utilisé de manière opportune et ciblée afin de redresser l’économie.

Devant nous, il y a aussi les questions qui ont été ouvertes et maintenues ouvertes par une lutte acharnée.

La question de la dette, dont la réduction commencera à être négociée dans quelques semaines.

La question des pensions et la clause de déficit zéro.

La question de la fiscalité des agriculteurs et des mesures compensatoires nécessaires pour la protection de la population rurale et de la campagne grecque.

La question du régime de travail, la restauration de la négociation collective et la suppression définitive de licenciements massifs.

À qui le peuple grec fait-il vraiment confiance pour négocier ces questions ?

À ceux qui ont considéré les mémorandums comme leur possession et leur privilège et soutenu que, s’ils n’étaient pas imposées par les prêteurs, nous devrions les imposer nous-mêmes ?

À ceux qui ont ligoté les pieds et mains du pays, co-signé la désolation du marché intérieur et la contraction de l’économie, ceux qui ont conduit les classes moyennes à une impasse, multiplié la dette affirmant qu’elle était soutenable et enfin qui nous ont légué un pays à genoux sous le fardeau de la dette et des engagements qu’ils avaient pris au nom de tous les Grecs ?

Ou à ceux qui ont mené un rude combat, ont pris des risques, sont allés aux limites des négociations, ont mis le peuple en avant avec le référendum, et prouvé – pour le moins – qu’ils avaient la volonté et le courage de tenir bon dans des temps difficiles ?

Tel est le dilemme des élections du 20 septembre.

Telle est la cible de la ND, de Meimarakis et de l’ancien personnel politique.

En finir avec la parenthèse de gauche et ensuite autoriser des licenciements sans limitations dans le secteur privé, procéder à des licenciements dans le secteur public, enterrer la question de la dette, permettre que les résidences principales soient la proie des capitaux spéculatifs.

Mettre en œuvre ce que les prêteurs n’ont pas pu mettre dans l’accord.

Mais ce qui dépend de l’accord et des négociations avec les créanciers n’est qu’une partie de ce qui nous attend.

Les tentacules des créanciers, qu’il nous faut couper une à une, ne sont pas les seules qui se sont emparé de la Grèce.

La Grèce est en proie à des problèmes chroniques graves, que l’ancien régime n’a pas réussi à résoudre, avec lesquels il se s’est installé, sur lesquels il a spéculé sur les plans politique et financier, qu’il a aggravés et auxquels il a livré toute la société.

Croit-on vraiment que cette chienlit de l’ancien système politique peut lutter contre la corruption ?

Que l’équipe nationale de collusion peut lutter contre la collusion ?

Que les protecteurs des fraudeurs de l’impôt et des barons de l’argent noir peut faire usage de listes comme celle de Lagarde ?

Que le système qui a donné refuge à des escrocs et à de faux investisseurs peut permettre à la justice de rétablir le droit ?

Bien sûr que non.

Seul un gouvernement de gauche, avec un mandat fort, peut couper ce nœud gordien.

Seuls un programme radical de la gauche et un fort soutien populaire peut permettre au pays, étape par étape, de se débarrasser de ce fléau.

Nous sommes déterminés à ne pas reculer.

Et nous ne reculerons pas.

C’est ce que nous dictent nos principes, nos idées et notre éthique.

Ne pas commencer à se lamenter et à répéter, « Quand je vous le disais ? Le pire est à venir ».

Aujourd’hui, nous sommes plus expérimentés; plus matures ; plus déterminés ; plus initiés.

Notre programme – un programme de quatre ans – est bien ancré dans la réalité et ses besoins.

Permettez-moi de mentionner quelques-uns de ses points, certains de nos buts et objectifs principaux, qui seront les objectifs de notre gouvernement au cours des quatre prochaines années.

Premièrement : commencer la reconstruction productive du pays à travers des initiatives et des interventions qui soutiendront les classes laborieuses.

Créer ainsi de nouveaux emplois, stables et sûres.

Ce sera une bataille difficile.

Une bataille dans et hors du pays contre les forces qui veulent faire de la Grèce et de l’Europe une jungle du travail. Nous devons de toutes nos forces dresser un mur de protection.

Utiliser tous les fonds disponibles venant de programmes européens ainsi que de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) pour réaliser de grands projets d’infrastructure et commencer un grand effort pour réorienter la production nationale vers des produits à haute valeur ajoutée en mettant l’accent sur la qualité et l’innovation.

Promouvoir des formes d’économie sociale et coopérative et commencer à construire un modèle de production – concurrentiel par rapport au modèle dominant – régi par les différentes relations entre les personnes, les différents rapports avec l’environnement et leur production de main d’oeuvre.

Parce que, de même que le néolibéralisme a conquis le monde jour après jour et être humain, après être humain, de même nous devons construire l’économie des besoins lentement, bataille après bataille, en partant du bas.

Avec de la patience et de la persévérance en faveur de la classe des travailleurs.

Nous devons faire la même chose à propos de la reconstruction et de la défense de l’Etat social.

Pour continuer notre lutte pour protéger les plus démunis avec le programme de lutte contre la crise humanitaire.

Ce fut une bataille durement gagnée.

Poursuivre nos efforts pour reconstruire le système de santé mis en pièces.

En économisant les ressources liées à l’approvisionnement, en opérant des changements administratifs et avec un respect profonds pour le personnel médical et infirmier.

En soutenant les hôpitaux périphériques et en reconstruisant les réseaux de santé primaires.

Mettre en œuvre une grande réforme démocratique, radicale de l’enseignement associant toute la communauté éducative dans un véritable dialogue afin de réaliser les grands changements nécessaires dans l’enseignement secondaire et supérieur.

Pour une école et une université démocratiques, un système éducatif fondé sur les principes d’égalité et de liberté.

L’égalité de l’accès ; la liberté d’expression, de pensée et de recherche.

Pour une réforme démocratique en profondeur de l’Etat grec.

Lutter contre la bureaucratie, qui est le moyen grâce auquel le système de corruption et de collusion exerce son pouvoir.

Soutenir le mécanisme de recouvrement fiscal et clarifier les cas des grands redevables fiscaux enfermés dans les tiroirs depuis des années parce que certains se protégeaient eux-mêmes avec les intérêts qui les soutiennent.

Protéger et renforcer les droits individuels et les libertés démocratiques des citoyens et battre l’ancien système politique basé sur la violence et la répression.

Promouvoir – dans la pratique – un ambitieux programme de promotion de l’égalité avec le slogan : « Tous différents – tous égaux ».

Éliminer les discriminations fondées sur le sexe, la race, la couleur, l’origine nationale, et l’orientation sexuelle.

Ce sont les grands changements au service desquels nous devons nous mettre.

Et à ce stade, posons-nous cette question :

Si le printemps de l’espoir et de lutte est fini maintenant, qu’est-ce qui va suivre ?

L’été des mouvements, peut-être ?

Ou peut-être l’hiver rigoureux de la restauration et de la vengeance du système politique réactionnaire ?

Tel est le véritable dilemme, camarades.

Et il n’est pas posé par SYRIZA mais par la réalité elle-même !

Camarades,

Ce n’est pas par hasard que j’ai gardé pour la fin les difficultés du parti et le rôle qu’il doit jouer aujourd’hui.

Un rôle sans lequel nous tournons tout simplement en rond sans but.

Ce n’est pas le moment maintenant, bien sûr, de résoudre le problème de notre parti.

Cela aura lieu démocratiquement, de manière responsable, collectivement et sérieusement, après que nous aurons tous ensemble surmonté victorieusement les difficultés actuelles.

Parce que ces derniers développements ont mis en évidence nos erreurs et nos faiblesses et nous ont mis face à la responsabilité de réfléchir et de discuter de quelle sorte de parti nous voulons, quelle sorte de parti est nécessaire dans ces conditions d’aujourd’hui.

Mais maintenant c’est le moment de la bataille.

Le moment de la mobilisation générale.

Le moment de l’offre, pas de la demande.

Le moment d’exprimer toutes les vertus de la gauche, qui viennent de loin dans le passé.

C’est la seule chose qui peut nous emmener loin dans le futur.

Je me sens maintenant obligé de dire une chose à laquelle je crois fortement et sans rémission.

Et je m’adresse à mes amis et camarades, mais aussi à mes anciens et nouveaux adversaires.

Nous ne changerons pas un iota dans nos valeurs et nos idées.

Nous ne renoncerons pas à notre lutte pour la démocratie, la justice sociale et la souveraineté nationale.

Notre loyauté envers les intérêts et la libération de ceux qui souffrent de l’exploitation humaine restera toujours notre raison d’être et d’agir.

La vie et la politique ont souvent besoin de manœuvres, de retraites et de compromis ; seul un fou n’en comprendrait pas la signification.

Mais cela – pour moi, pour nous – ne signifie pas que nous pourrons jamais abandonner les objectifs qui nous ont portés au pouvoir, ou que nous pourrons jamais abandonner ceux qui ont mis tous leurs espoirs en nous.

Nous ne ferons pas disparaître les espoirs des jeunes, du monde du travail, des victimes du drame d’aujourd’hui juste pour tirer un avantage pour le parti.

Enfin, camarades, je ne peux pas, ne pas évoquer la plaie qui s’est ouverte dans le corps de SYRIZA lorsque la majorité gouvernementale s’est transformée en minorité ; quand le gouvernement a été pratiquement renversé de l’intérieur ; lorsque le parti a été divisé et que les partisans de la restauration réactionnaire se sont précipités pour en profiter.

Ce n’est pas le moment de discuter de cette question en profondeur. Ce doit être et sera fait en temps voulu.

Maintenant, dans cette dure bataille, nous devons et nous allons rigoureusement affronter ceux qui ont abandonné nos lignes et se sont retournés contre nous pour nous jeter des accusations lourdes et diffamatoires.

Mais nous n’allons pas commencer une guerre civile à gauche ; nous ne devons pas le faire, en toutes circonstances.

Parce que notre adversaire était et est l’ancien régime et l’ancien système de pouvoir qui relève à nouveau la tête.

Je répète donc que le moment est venu de prendre les rues, aller sur les places, dans les cafés, les villes et villages pour transmettre un seul et unique message.

Un seul :

Nous sommes ici, debout, nous poursuivons ce que nous venons juste de commencer.

Nous demandons un mandat fort pour pousuivre ce que nous venons juste de commencer.

Et en tant que membres du parti, nous demandons à chacun ce qui va de soi :

Rester sur nos positions avec nos connaissances, notre fermeté, notre détermination et notre cran contre quiconque veut nous pousser à la défaite ou dans la boue.

Pour ouvrir sans crainte ni hésitation à la société qui nous attend.

Parce que c’est dans cette souffrance, ce doute, ces interrogations, cette attente, cet espoir de la société que nous serons jugés par nos paroles mais surtout par nos actes …

Nous gagnerons.

Pas pour la survie de notre parti. Pour le peuple.

Soyez en sûrs.