Prix Nobel de la paix 2012 décerné à l’UE : Les « oublis » du Comité Nobel

Auteur Francis Wurtz

Cependant,en octroyant à l’Union européenne ce prestigieux prix, le Comité Nobel a délibérément ignoré les politiques des «27» relatives à leurs propres affaires. 

Trois exemples significatifs suffisent à montrer comment la politique étrangère et de sécurité de l’UE et de ses pays membres tournent le dos à l’engagement pour une Europe et un monde pacifiques.

Premier exemple: la guerre en Irak en mars 2003. La majorité du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’Organisation des Nations Unies, les inspecteurs de l’ONU sur place, le chef de l’Etat français et la chancelière allemande, ainsi que 10 millions de manifestants qui sont descendus dans les rues le 15 février, étaient opposés à la guerre. Huit autres pays de l’UE se sont alignés sur Washington, prenant pour argent comptant les mensonges d’Etat de Colin Powell à l’Organisation des Nations Unies. Par la suite, ces pays ont donné le ton de l’UE. Ainsi, à partir de juin de 2003, l’UE dans son ensemble a adopté un texte définissant la « stratégie européenne de sécurité » (toujours en vigueur !), qui a été soumise à George W. Bush avant même son approbation définitive. Dans le document, de nombreux concepts dangereux ont été empruntés au chef de guerre américaine, par exemple lorsque le texte précise que la coopération militaire USA-UE est une « grande force pour le bien dans le monde » ! Un exemple de cela nous a été donné en Afghanistan…

Deuxième exemple: le Moyen-Orient où l’impunité accordée aux dirigeants israéliens et l’abandon politique du peuple palestinien constituent l’une des principales causes de l’insécurité dans le monde.En décembre 2005, les chefs de la mission diplomatique des membres de l’UE là Jérusalem-Est ont envoyé un rapport détaillé au Conseil européen, s’alarmant des pratiques illégales des autorités israéliennes et plaidant pour un état palestinien. Ils ont recommandé plusieurs initiatives politiques aux dirigeants européens, conformément aux résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies. Ce rapport a été ni publié ni pris en considération, comme les autres rapports produits au cours des années suivantes. Au contraire, l’Union européenne vient de récompenser les fauteurs de guerre, en renforçant spectaculairement les relations bilatérales UE-Israël dans 60 différents domaines, de l’énergie aux communications électroniques et à la coopération policière. L’aspect symbolique ou politique de ces « gestes », au lieu d’apporter la paix, banalise l’occupation, la colonisation, l’humiliation et la guerre.

Troisième exemple: la sécurité du continent européen lui-même. En juin 2008, le tout nouveau président russe Dmitri Medvedev a tenté de marquer son mandat. Il a suggéré aux pays de l’UE et de l’Occident en général d’ouvrir des négociations en vue de la rédaction collective d’un « traité de sécurité pan-européenne ». Il était censé rassembler toutes les questions de sécurité du continent, de contrôle des armements et de désarmement. Une seule condition a été posée : que l’OTAN arrête son expansion vers l’Est. "La préoccupation fondamentale de Medvedev d’une Europe divisée en deux (…) nous semble pertinent », a déclaré Fabio Liberti, de l’Institut des Relations Internationales (IRIS), dans Le Monde Diplomatique.L’Union européenne n’a même pas ouvert un débat exploratoire sur le projet. Au lieu de cela, il a préféré autoriser l’installation du bouclier anti-missiles sur le sol européen, même si elle devait intensifier les tensions et redémarrer la course aux armements.

Cela donne une idée des changements que l’UE et ses pays membres devraient faire pour être vraiment dignes du Prix Nobel de la Paix.