Source : Haymarket Publishers
  • 29 mai 2021 - 30 mai 2021
  • online
  • Conférence web
  • Socialisme en Europe centrale et orientale et austro-marxisme

  • L'austro-marxisme désigne le corps théorique marxiste développé par des cercles intellectuels liés étroitement au Parti ouvrier social-démocrate multinational d'Autriche (SDAP). Accolé de l'étiquette de « petite Internationale », l'austro-marxisme a offert un espace culturel et intellectuel aux mouvements socialistes dans l'Empire austro-hongrois des dernières décennies du XIXe siècle, et plus tard dans ses États successeurs. 

    Après l'éclatement de l'Empire, l'austro-marxisme a inspiré les pratiques du Parti ouvrier social-démocrate d'Autriche, un parti de masse dont l'objectif était de créer une société socialiste par des voies démocratiques. L'austro-marxisme est devenu fameux en se concrétisant au niveau municipal dans « Vienne la rouge ». Il se distançait à la fois de l'orthodoxie marxiste, du bolchevisme et, plus tard, du dogmatisme de la Troisième internationale. Ses idées ont été précisées par son représentant le plus éminent, Otto Bauer, dans un petit livre intitulé Bolchevisme ou social-démocratie, puis par Max Adler dans le court ouvrage Démocratie politique et sociale, où l'auteur défend des positions proches de celles des écrits de Rosa Luxemburg.  

    Dans les États qui succédèrent à l'empire austro-hongrois — Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne et Yougoslavie — ont émergé des partis socialistes indépendants, sociaux-démocrates et plus tard communistes, qui tous ont gardé trace de cet héritage théorique commun. L'époque de la guerre froide favorisa une réception bipolaire du marxisme. L'orthodoxie soviétique s'oppose alors au marxisme occidental, qui se réfère largement à Antonio Gramsci. La version centre-européenne du marxisme tombe dans l'oubli, et elle s'efface plus complètement encore des mémoires après l'effondrement du dénommé « socialisme réalisé ».  

    Dans un éditorial écrit en 1926 pour l'Arbeiterzeitung, journal du Parti social-démocrate, Otto Bauer offre à son lectorat une petite introduction à l'austro-marxisme :

    « Dans la seconde moitié du XIXe siècle, un groupe de jeunes camarades travaillant en Autriche dans le milieu universitaire a commencé à se faire appeler « austro-marxistes  » : Max Adler, Karl Renner, Rudolf Hilferding, Gustav Eckstein, Otto Bauer, Friedrich Adler et quelques autres. » 

    Dans ces quelques lignes, il ne cite que des hommes. Cependant, des femmes remarquables ont façonné le corpus théorique de l'austro-marxisme et ont contribué de manière significative à sa profondeur et à sa complexité intellectuelles. Les œuvres de Käthe Leichter, Thérèse Schlesinger, Adelheid Popp, Marie Jahoda, Hélène Bauer restent de fait encore peu connues du public académique international. 

    Les austro-marxistes ont dû se confronter, au long de leur époque fluctuante et changeante, à un vaste spectre de défis — par exemple à la « question nationale » dans un empire multiethnique, ou encore aux problèmes autour du rôle de l'État en économie après la crise économique de la fin des années vingt. Il leur a fallu trouver comment appliquer l'interprétation marxiste de l'histoire à des phénomènes compliqués, pour lesquels une transposition superficielle des méthodes marxistes n'était pas acceptable. 

    L'austro-marxisme fut internationaliste dès l'origine. Il a fourni une racine commune et un langage commun à la tradition marxiste en Europe centrale et, dans une certaine mesure, en Europe de l'Est et du Sud-Est. Inspiré aussi par Kant et Mach, l'austro-marxisme a en retour alimenté l'inspiration d'autres grandes figures intellectuelles, comme le fondateur de la théorie pure du droit Hans Kelsen, Alfred Adler ou encore Sigmund Freud. 

    Abrité par les universités autrichiennes, il s'est confronté à l'école autrichienne d'économie et à ses plus illustres théoriciens : Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek. Leurs théories sont revenues sur le tout devant de la scène durant la révolution néolibérale des années 1980. Il n'est pas exagéré d'affirmer que les théories des écoles autrichiennes constituent encore aujourd'hui l'épine dorsale du néolibéralisme mondial. Les controverses entre ces deux écoles de pensée au cours des années 1920 et au début des années 1930 concernaient des questions dont la pertinence reste profondément actuelle.  

    La conférence marque la sortie de la traduction anglaise du livre d'Otto Bauer The Austrian Revolution (« La révolution autrichienne »), édité par Eric Canepa et Walter Baier.

    Antal Attila: The Impact of Vienna Circle and Austro-Marxism on Hungary

    Barbara Serloth: Käthe Leichter and the Austro-Marxist: The Dilemma of Womanhood and Intellectuality

    Dunja Larise: Helene Bauer against Ludwig Mises on Marginal Utility Theory

    Engelbert Stockhammer: Woytinsky, Hilferding and the Fiscal Orthodoxy of Interwar Social Democracy

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    Michael Krätke: The Great Transformations of the Bourgeois State

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    Petra Unger: „Where Have All the Women Gone?“

    Stefan Gužvica: Sima Marković, The Austro-Marxist Who Wasn't

    Una Blagojević: The Ambiguities of the Austro-Marxist Legacy in Interwar and Postwar Yugoslavia

    Walter Baier: Austro-Marxism and Democratic Socialism Today


Programme

Samedi 29 mai

Panel sur Théorie de l'État et Austro-Marxisme

9 h 30 – 10 h : Mot de bienvenue et Introduction 

10 h – 10 h 30 Les grandes transformations de l'État bourgeois. Rappel de quelques innovations injustement oubliées dans la théorie politique du marxisme,  Michael Krätke 

10 h 30 – 10 h 45 Discussion

10 h 45 – 11 h Pause café

11 h – 11 h 30 Otto Bauer, de la critique du nationalisme à la contestation de l'ordre colonial,  Jean-Numa Ducange 

11 h 30 – 11 h 45 Discussion

11 h 45 – 12 h 15 Austro-marxisme et socialisme démocratique aujourd'hui,  Walter Baier 

12 h 15 – 12 h 30 Discussion

Panel sur l'école autrichienne et l'austro-marxisme

14 h – 14 h 30 L'autre école autrichienne, Michael Krätke

14 h 30 – 14 h 45 Discussion

14 h 45 – 15 h 30 Helene Bauer contre Ludwig Mises sur la théorie de l'utilité marginale,  Dunja Larise

15 h 30 – 15 h 45 Discussion

15 h 45 – 16 h Pause Café

16 h – 16 h 30 Woytinsky, Hilferding et l'orthodoxie budgétaire de la social-démocratie dans l'entre-deux-guerres, Engelbert Stockhammer 

16 h 30 – 16 h 45 Discussion

 

Dimanche 30 mai

Panel sur Austro-marxisme et Europe de l'Est

10 h – 10 h 30 Sima Marković, L'austro-marxiste qui n'en était pas un,  Stefan Gužvica

10 h 30 – 10 h 45 Discussion

10 h 45 – 11 h Pause café

11 h – 11 h 30 L'héritage de la monarchie « néolibérale » : L'impact du cercle de Vienne et de l'austro-marxisme sur la Hongrie, Attila Antal

11 h 30 – 11 h 45 Discussion

11 h 45 - 12 h 15 Les ambiguïtés de l'héritage austro-marxiste dans l'entre-deux-guerres et la Yougoslavie d'après-guerre : Réceptions, adaptations et contestation des concepts, Una Blagojević

12 h 15 – 12 h 30 Discussion

Panel sur les Femmes dans l'Austro-Marxisme 

13 h 30 – 14 h Marianne Pollak, Marion Löffler

14 h – 14 h 15 Discussion

14 h 15 – 14 h 45 Où sont passées toutes les femmes ?, Petra Unger

14 h 45 – 15 h Discussion

15 h – 15 h 15 Pause café

15 h 15 – 15 h 45 Käthe Leichter et les austro-marxistes : dilemme de la condition féminine et de l'intellectualité, Barbara Serloth

15 h 45 – 16 h Discussion

16 h Fin de la conférence


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